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Au chômage, Ouidad, devenue aidant-proche, ne perçoit plus que 300 euros: "Je suis dans le désarroi le plus total"

Au chômage depuis trois ans, Ouidad est devenue aidant-proche. Cependant, ce qu'elle ignorait, c'est qu'une partie de son revenu lui serait retirée. Elle nous a contactés via le bouton orange "Alertez-nous".

Comme près d’un million de Belges, Ouidad a fait le choix de devenir aidant-proche. Son père, gravement malade, a dû être amputé d’une jambe. Au chômage depuis trois ans et ayant achevé une formation à la mi-décembre, elle tient à mettre à profit son temps pour son père. "Mon école m’a conseillé de devenir aidant-proche. Lorsque j’ai pris des renseignements auprès de mon syndicat, on m’a redirigée vers le site Internet", indique la mère de famille. Compatible avec son statut de chômeuse de longue durée, elle est exemptée de ses obligations à partir du 15 décembre, lorsqu’elle devient officiellement aidant-proche. Ce jour-là, elle reçoit un courrier interpellant."On m’informe que je dois rembourser une partie de mon allocation de chômage du mois de décembre. Je me retrouve alors avec seulement 300 euros pour vivre", déplore Ouidad.

Un montant bien insuffisant pour gérer ses dépenses. "Comment payer un loyer, des charges et assurer la vie quotidienne avec seulement 300 euros par mois ? J’ai une fille de 22 ans, comment vais-je faire ? Je suis dans le désarroi le plus total", explique Ouidad, qui regrette d'avoir entamé ces démarches. "On m’a mal informée, je ne savais pas que j’allais percevoir à peine 14 euros par jour. J’ai seulement un rendez-vous avec le CPAS dans un mois…". Elle poursuit : "Tous les jours, je me rends à mon syndicat pour trouver une solution".

La situation d'Ouidad n’a rien d’anormal.

Que dit la loi ?

Comme nous l’indique l’ONEM, "Il s'agit de l'application de l'article 90 de l'AR du 25/11/1991". C’est-à-dire : "Une personne au chômage doit normalement être disponible pour le marché du travail (accepter des offres d'emploi qui lui correspondent, rechercher activement du travail...)". L’ONEM poursuit son explication : "Si cette personne sans emploi souhaite fournir des soins en obtenant le statut d’aidant proche, elle peut être exemptée de cette obligation. Elle reçoit alors un montant journalier d'allocations moins élevé".

Sur son site, le montant de cette allocation est indiqué, à savoir 14,42 euros par jour pendant les 24 premiers mois de la dispense. À partir du 25e mois, cela passe à 11,71 euros par jour. À savoir que le statut peut être gardé 48 mois maximum.

"On espère que cela sera à l’agenda des prochaines élections"

Contacté par nos soins, l’ASBL aidants-proches ne s’étonne pas du cas "malheureux" d'Ouidad. "Cette baisse d’indemnité est vécue comme une double peine. Être aidant, c’est un don de soi", indique Christian Carpentier, responsable communication de l’ASBL.  "Dans notre mémorandum de revendication, nous demandons à ce que l’ONEM renseigne au mieux les personnes. Beaucoup, comme Ouidad, sont seulement redirigés vers le site Internet, ce qui n’est pas évident pour tout le monde".

D’autre part, l’ASBL souhaite que le gouvernement supprime cette baisse de revenu. "C’est impossible de vivre avec 300 euros par mois. Même un loyer à ce prix, cela n’existe pas. On espère que les politiques saisiront cette question aux prochaines élections", conclut Christian Carpentier.

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