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En trente ans de carrière, Muriel constate que l’agressivité n’a cessé d’augmenter : "C’est de la violence verbale quasi quotidiennement et de la violence physique régulièrement."
Et la crise du coronavirus n’a pas amélioré cette situation… bien au contraire. "Je pense qu’il y a une décompensation psychologique de la population. Certains trouvent refuge un peu dans l’alcool ou les drogues, ce qui n’arrange rien dans la situation de la violence évidemment. Ce sont souvent ces patients-là les plus violents," raconte l’adjointe à l’infirmier chef du service des urgences au CHR Sambre et Meuse.
Si certains patients sont agressifs c’est aussi le cas de leurs proches qui depuis la crise ne peuvent plus les accompagner ni leur rendre visite. Pour Séverine qui travaille à l’accueil, les insultes sont quotidiennes depuis environ un an: "Ça m’est arrivé plusieurs fois de pleurer chez moi. Ça devient pénible. Beaucoup de gens ne nous comprennent pas et nous disent: ‘Voilà, dans un hôpital, c'est votre job.'"
"C'est quotidiennement, de la violence verbale. Ça devient de plus en plus dur de gérer ce genre de patients ou ce genre d'accompagnants. Minimum une fois par semaine, on appelle la police en renfort parce qu'on n'arrive pas à gérer la situation nous-mêmes, même avec les agents de sécurité. J'ai des collègues qui ont été agressés physiquement et qui n'ont pas été bien pendant quelques mois", nous a confié Muriel, qui travaille aux urgences du CHR de Namur depuis 30 ans.
Les raisons sont aussi liées au fait que les hôpitaux ont changé leur fonctionnement par rapport à avant la crise: visites restreintes ou parfois interdites, certains soins reportés, temps d'attente parfois plus longs… Autant de perturbations qui dérangent certains accompagnants ou patients.
Ces violences sont si importantes que le CHR de Namur a décidé de réagir, avec la campagne "Tolérance zéro contre les violences envers nos collaborateurs". Désormais, l'hôpital engagera systématiquement des poursuites contre tout acte de violence physique ou verbale au sein de l'institution.
Coups de pied contre une technicienne de surface
Le constat est le même à l'hôpital universitaire de Charleroi. La situation peut dégénérer parfois pour une simple remarque. "Au niveau du gel désinfectant, autant pendant la première vague, les gens auraient volé le gel, autant actuellement, c'est nous qui devons les supplier pour mettre le gel ou le masque," confie Anthony, agent de gardiennage au CHU de Charleroi.
"On a récemment vécu l'agression d'une technicienne de surface, ajoute Frédéric Dubois, le directeur de la communication de l'intercommunale de santé publique du pays de Charleroi. Elle était en train de nettoyer dans le hall d'accueil de Marie Curie. Elle a simplement dit à une personne qu'elle était dans la mauvaise file et cette dame lui a donné un coup de pied."
Cette situation est pesante pour le moral du personnel. "On sent qu'à la fin de la journée, il y a eu plus de tensions, on est plus fatigué. On a envie de calme, de silence, de repos," raconte Sandrine, employée administrative au CHU Charleroi.
L’hôpital prépare également une campagne de sensibilisation Des capsules vidéo seront diffusées sur les réseaux sociaux.