Partager:
Trois ans après "À présent", Vincent Delerm revient avec un nouvel album et un premier film dans lequel il déploie son univers musical. Une étape supplémentaire pour cet artiste touche-à-tout qui continue délicatement d'affiner un parcours "sans calculs".
"Pendant longtemps, je me suis interdit de sortir de la chanson. Et puis, la première fois que j'ai fait un pas de côté [en 2011, pour le spectacle théâtral et musical "Memory"], les gens l'ont bien reçu", raconte le chanteur, musicien et photographe de 43 ans, rencontré dimanche à Lyon au festival Lumière.
"C'était pour moi comme une permission. Désormais, j'obéis davantage aux énergies que je ressens, même si mon noyau reste la chanson".
Dans "Panorama", son septième album qui paraîtra vendredi, ce fin chroniqueur poursuit son exploration d'un univers mélancolique s'inspirant des souvenirs et des émotions du quotidien.
Une démarche intimiste "pour faire rire ou émouvoir", dont il a fait sa marque de fabrique mais devenue musicalement plus fouillée et orchestrée, loin du dépouillé duo piano-voix de ses débuts.
"Le point de départ, ce sont à chaque fois des sensations très personnelles. Ma conviction a toujours été de raconter des choses intimes pour me permettre de trouver un écho", explique Vincent Delerm.
"Musicalement, les albums sont de bons endroits pour faire de nouvelles propositions. J'ai aussi évolué dans ma manière de chanter. Mais je reste fidèle au piano en concert".
- Voyage introspectif -
L'arrivée dans les bacs de ce nouveau disque, où le cinéma occupe une place de choix, sera accompagnée par la sortie dimanche à Paris de "Je ne sais pas si c'est tout le monde", un moyen métrage stylisé que le chanteur a bouclé pendant l'enregistrement de "Panorama".
Vincent Delerm convoque devant la caméra les souvenirs d'une poignée de proches, artistes reconnus ou parfaits inconnus, dont il est allé recueillir les "frémissements, les vibrations", habillés d'arrangements musicaux de sa composition.
Au cours de ce voyage introspectif, fidèle à l'atmosphère de ses chansons, le spectateur croise son complice de toujours Alain Souchon, l'humoriste Vincent Dedienne, mais aussi feu Jean Rochefort, pour ce qui constitue sa dernière et très émouvante apparition à l'écran.
"Plus qu'à mon univers, j'ai voulu rester fidèle à la vie et faire témoigner des proches à propos de quelque chose qui compte pour eux et leur fait de l'effet", souligne-t-il au sujet de ce projet initié en 2015, qui devait à l'origine être une fiction.
Depuis "Fanny Ardant et moi" (2002), le morceau piano-voix au tempo enlevé qui a révélé sa musique et sa voix nonchalante au grand public, ce cinéphile averti n'a eu de cesse d'évoquer la magie du 7ème Art au travers de ses chansons.
"Les films sont des trains dans la nuit", chante-t-il d'ailleurs, citant une célèbre réplique de "La nuit américaine", de François Truffaut, sur le très mélodique "Panorama", chanson éponyme d'un album dans lequel il rend également hommage à la cinéaste Agnès Varda.
Pour insuffler à "Panorama" "une identité forte, une couleur", le chanteur a confié la réalisation de chacun des dix titres de ce nouvel opus à des artistes différents, parmi lesquels Peter von Poehl, Keren Ann, Yael Naim ou encore Rufus Wainwright, avec qui il chante en duo le sublime "Les enfants pâles".
Vincent Delerm débutera le 22 octobre une grande tournée en France dont les premières dates parisiennes affichent déjà complet.