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Le blocage du site universitaire parisien de Tolbiac, lieu emblématique de la mobilisation contre la réforme de l'accès à la fac, a été levé vendredi à l'issue d'une vaste opération de police lancée au petit matin, sans faire de blessé selon les autorités.
L'opération, qui a pris fin vers 06H00, s'est déroulée dans le calme, selon la préfecture de police (PP). De nombreux étudiants évacués ont toutefois dit à l'AFP avoir été matraqués et insultés par les CRS, alors qu'ils n'opposaient aucune résistance.
Face à "de nombreuses rumeurs", notamment sur les réseaux sociaux, "faisant état d’une personne grièvement blessée se trouvant dans le coma", la PP a réaffirmé dans la soirée dans un communiqué qu'"aucun blessé n’a été recensé sur cette opération".
La PP a précisé qu'"aucun blessé grave qui puisse être en lien avec cette opération d’évacuation n’a été hospitalisé dans les services de réanimation tant médicale que chirurgicale ou neurochirurgicale", indiquant que cette information a été confirmée au cabinet du préfet de police par l'Assistance publique Hôpitaux de Paris (APHP).
Une personne a été interpellée, pour outrage et rébellion, selon la PP.
Lors du conseil des ministres, quelques heures après l'évacuation, Emmanuel Macron a souligné que "le défi pour les prochains jours" dans les universités serait "de permettre la tenue des examens dans de bonnes conditions", a rapporté le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.
"Il incombera" à la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal de le relever, a-t-il précisé, alors que depuis plusieurs semaines quatre universités sont totalement bloquées et une dizaine de sites (sur 400) perturbés pour protester contre la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE), accusée par ses détracteurs d'instaurer un système de "sélection" déguisée.
À Tolbiac, au moins une centaine de CRS ont pénétré à 05H00 sur le site appelé Pierre Mendès-France, une tour de 22 étages occupée depuis le 26 mars, pour évacuer la centaine d'occupants présents sur place. Ils ont essuyé des jets de bouteilles de verre et autres projectiles, a constaté une journaliste de l'AFP.
Guettant une intervention policière, certains occupants se réclamant de "la Commune libre de Tolbiac", en référence à la période insurrectionnelle de la Commune de Paris, se sont retranchés à l'intérieur, tandis que d'autres tentaient de s'enfuir en escaladant la grille.
Tags dans les amphis, matériel informatique détruit, matelas et détritus en tous genres par terre : les trois semaines d'occupation ont laissé des traces à Tolbiac.
Le site sera fermé jusqu'à nouvel ordre, en attendant sa remise en état. Les étudiants ne pourront "probablement" pas être accueillis à Tolbiac avant la rentrée de septembre, a estimé vendredi le directeur du site, Florian Michel.
Les partiels prévus à partir du 2 mai auront bien lieu - une semaine supplémentaire a été ajoutée, jusqu'au 26 mai -, non pas à Tolbiac mais dans d'autres centres universitaires de Paris et région parisienne.
Après un rassemblement devant Tolbiac ayant réuni plusieurs centaines de personnes, une AG inter-universités rassemblant quelque 200 personnes se tenait vendredi soir dans le calme sur le site de Censier pour décider de la suite à donner au mouvement après l'évacuation, a constaté une journaliste de l'AFP.
- "Immense soulagement" -
L'intervention des forces de l'ordre avait été réclamée dès le 9 avril par Georges Haddad, président de l'université Paris-I dont dépend Tolbiac, inquiet de la situation après la découverte de cocktails Molotov sur le site.
M. Haddad a fait part de son "immense soulagement" après l'évacuation, "heureux qu'il n'y ait eu aucun blessé".
Il a évalué le coût des "dégradations" à "plusieurs centaines de milliers d'euros".
Dans un premier temps, la préfecture de police n'avait pas accédé à sa demande de recourir à la force publique. Compte tenu de la "particularité topographique" du site, "c'est presque plus dangereux (d'intervenir) que de ne pas intervenir", avait expliqué dimanche Emmanuel Macron.
Le syndicat de droite UNI, qui avait déposé plusieurs recours en justice infructueux pour contraindre les forces de l'ordre à intervenir, a salué l'évacuation.
Deuxième syndicat étudiant, l'Unef a en revanche condamné le recours à la force.
Le député La France insoumise Alexis Corbière a dénoncé "une mise en scène", et le NPA déploré des "violences policières inacceptables".
Par ailleurs, le blocage qui avait perturbé Sciences Po Paris pendant la semaine a été levé vendredi.
A Lille, les étudiants de l'IEP sont "partis d'eux-mêmes en fin d'après-midi", selon la direction des études.
À l'université d'Avignon, les manifestants (majoritairement non-étudiants) qui occupaient un amphithéâtre du campus Hannah Arendt depuis mercredi soir ont quitté les lieux.
burs-mig/blb/mm