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L'ambiance était festive, mais l'humeur revendicatrice: quelques centaines de soignants, personnels de santé mais aussi "gilets jaunes" ont saisi lundi l'occasion de "déconfiner leur colère" en manifestant devant l'hôpital Purpan de Toulouse contre le manque de moyens pour l'hôpital public.
"Au premier jour du déconfinement, c'était symboliquement important que l'on montre le manque de moyens qui a rendu cette crise dangereuse", lance Alain Notes, kinésithérapeute et représentant Sud, l'un des syndicats coorganisateurs de ce rassemblement avec la CGT.
"L'hôpital doit pouvoir faire face au risque épidémique. Sans le confinement, on n'aurait pas pu tenir", poursuit Julien Terrier, manipulateur radio et délégué CGT.
La pluie ne tempère pas l'enthousiasme d'une dizaine d'infirmières et d'aides soignantes. Elles exécutent une chorégraphie très applaudie sur un pastiche d'un tube des années 80 rebaptisé "A cause de Macron".
- Manque de personnel -
L'une d'elle, Diani Bourgade dénonce une crise "qui ne date pas d'hier", avant de rapidement quitter les lieux pour reprendre son service: "Depuis trois ans on fait des grèves pour alerter sur le manque de personnel".
Au milieu des banderoles, "Du fric pour l'hôpital public", ou "Non à la casse de la sécurité sociale", Laurence est elle venue en tant que "gilet jaune" et patiente en difficulté.
Souffrant d'un cancer, elle affirme ne pas avoir pu être traitée pendant deux mois.
"J'ai eu une séance de radiothérapie deux semaines avant le confinement puis plus rien. J'ai attrapé le Covid, j'ai été hospitalisée 24 heures puis on m'a laissé rentrer chez moi en tram. c'était de l'abandon", dit-elle.
De nombreux "gilets jaunes" sont venus en soutien, à l'appel de divers groupes de leur mouvance sous le slogan "On leur fait payer leur crise".
"Un fois de plus le gouvernement n'a rien anticipé", lance Marie, une ouvrière agricole de 43 ans qui a fait le trajet depuis Albi.
Si la plupart des manifestants sont protégés par un masque, ils ont du mal à respecter la distanciation, toute à la joie des retrouvailles.
Au milieu de la forêt de drapeaux des syndicats organisateurs, quelques étendards de partis de gauche comme le NPA ou une bannière noire et rouge anarchiste.
Les "dernières de corvée" sont à l'honneur d'une pancarte portée par une femme masquée: "Femmes en première ligne, aides soignantes 91%, enseignantes 83%, caissières 90%, aides à domiciles 97%".
"Macron a essayé de faire passer la pilule en promettant une prime et en disant +ce sont des héros+ mais les soignants ont surtout eu très peur pour leurs proches", souligne Alain Notes.
-"Peur de contaminer"-
"Ces semaines ont été très stressantes", confirme Valérie Palao, une infirmière du service de traumatologie qui a renforcé un service Covid.
"Les masques ont manqué dès la première semaine, on gardait le même pendant 8 heures. Et comme on n'avait pas de sur-blouse on avait peur de tout contaminer", tempête la jeune femme. "C'est la solidarité entre collègues qui nous a fait tenir".
Matthieu Guillem, un généraliste trentenaire, a tenu à être présent devant l'hôpital où il a fait son internat il y a deux ans.
"J'ai des patients qui n'ont pas pu recevoir leur chimio. On risque de se retrouver dans les prochains mois avec une surmortalité à cause de cette gestion qui a privé certains malades de soins", lance-t-il.