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"Elle est toujours belle !": sur les quais de Seine, à la terrasse des cafés où dans les squares, les touristes continuent d'admirer Notre-Dame dont le toit et la flèche sont partis en fumée mais dont la façade trône intacte sur l'Ile de la Cité.
"Elle est encore debout et elle est belle malgré tout", murmure, les larmes aux yeux, Adeline, venue de Thionville avec son ami. La jeune femme avait prévu d'assister à la messe de Pâques dimanche, l'occasion de rentrer pour la première fois dans cette cathédrale. "On remet tout le temps les choses et... "
Autour d'elle, des dizaines de passants s'arrêtent, le nez en l'air, pour observer de petites taches rouges en haut du bâtiment: des pompiers qui sont encore à pied d'œuvre pour éviter toute reprise du feu qui a ravagé l'édifice lundi soir.
Nicole Lucini est venue de la Drôme pour fêter ses 70 ans à Paris et en profite pour passer "voir les +restes+".
"Le feu, ça m'a émue, mais je vois que les tours n'ont pas bougé, c'est pas si vilain que ça... J'avais en tête des images comme après un bombardement. Mais elle a encore de la gueule", dit-elle avant de continuer sa promenade.
"Elle est toujours debout, c'est encore une grande dame", note un peu plus loin, soulagé, Jean-Marc, venu de Vendée pour le week-end, heureux que "les deux tours soient restées".
Au bord de la Seine, sur les quais offrant une vue imprenable sur les arbres en fleurs et la façade sud de la cathédrale, Micheline, 74 ans, reste immobile, le regard figé.
"Je ne pensais pas être si émue...", dit-elle en essuyant une larme. "J'espère qu'elle sera restaurée comme avant", flèche comprise.
- "Icône" -
Depuis le pont Saint-Michel, on aperçoit encore les échafaudages. Claire et Maxime, 23 ans, arrivés de Bordeaux, se prennent en photo devant cette cathédrale qu'ils n'avaient jamais vue et qu'ils devaient visiter vendredi.
"C'était vraiment ce que je voulais voir...", explique le jeune homme, dépité. "Mais c'est quand même magnifique ce qu'il reste", ajoute-t-il avant de filer se consoler à la Sainte-Chapelle, devant laquelle des dizaines de touristes font la queue.
Dans le square qui borde le quai de Montebello, trois générations d'Américaines grignotent des pâtisseries au soleil en admirant la silhouette de la cathédrale. A Paris depuis dimanche, elles étaient au sommet de l'Arc de triomphe quand la cathédrale s'est embrasée. "Elle est toujours belle", dit Riley, 10 ans, concentrée, en observant la façade sud. "C'est une icône mondiale et c'est toujours aussi beau", renchérit sa mère.
Sur les quais en face se pressent des centaines de touristes, slalomant entre les camions de pompiers, les barrages du périmètre de sécurité et les bouquinistes, qui finissent de mettre en place leurs rayonnages.
"Il y a eu beaucoup plus de touristes, dès le lendemain", explique Rémy Pascal, bouquiniste depuis 15 ans. "Un peu comme s'ils voulaient la voir une dernière fois, comme si elle risquait de disparaitre".
"On a toujours beaucoup de touristes à Pâques, surtout des Italiens et des Espagnols", précise-t-il devant son échoppe vert bouteille, si caractéristique des quais parisiens. "Mais là, il y a aussi énormément de Français qui veulent un souvenir".
Notre-Dame, il la voit "tous les jours, depuis 15 ans" et la trouve un peu défigurée sans la flèche. "C'est comme quelqu'un avec un beau visage, mais à qui il manque un bras. Il est un peu moins beau". "Ça n'en reste pas moins qu'elle est toujours très, très belle", reconnaît-il en jetant un œil à la façade.
Les clients commencent à affluer sous le soleil de printemps. Enveloppée dans un grand manteau, une petite dame s'empare de plusieurs gravures de la cathédrale.
"Dans le métro, j'ai espéré un miracle... Qu'en arrivant la cathédrale soit intacte", explique-t-elle, toute émue.
Que compte-t-elle faire de ces gravures de Notre-Dame, sur lesquelles trône encore la flèche ?
"Je vais aller acheter des exemplaires de +Notre-Dame de Paris+, de Victor Hugo, et je les glisserai dedans. Un livre pour chacun de mes petits-enfants".