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Total va racheter Direct Energie pour devenir un poids lourd de l'électricité

Total va racheter Direct Energie, principal fournisseur alternatif d'énergie en France, ce qui va lui permettre de devenir un poids lourd de l'électricité dans le pays.

Le géant pétrolier et gazier français a annoncé mercredi un accord pour acquérir 74,33% de Direct Energie pour environ 1,4 milliard d'euros auprès de ses principaux actionnaires.

Le groupe lancera ensuite une offre publique obligatoire sur le reste des actions cotées en Bourse, au même prix de 42 euros par action. L'ensemble sera ainsi valorisé près de 1,9 milliard (ou 2,5 milliards avec la dette).

Le conseil d'administration de Direct Energie a approuvé à l'unanimité cette opération et devrait la recommander aux actionnaires.

Libéralisé en 2007 pour les particuliers, le marché français de l'électricité et du gaz reste encore dominé par les anciens monopoles EDF et Engie (ex-GDF Suez).

Pionnier sur ce créneau, Direct Energie s'est toutefois fait un nom, occupant la troisième place en France. L'entreprise compte quelque 2,6 millions de clients.

Total, qui avait déjà racheté le belge Lampiris, s'était aussi lancé sur le marché des particuliers l'an dernier, en lançant une offre sous la marque "Total Spring". Elle comptait 500.000 clients pour un objectif à terme de trois millions.

Le nouvel ensemble vise désormais plus de 6 millions de clients en France et plus d'un million de clients en Belgique à l'horizon 2022.

- Production -

Direct Energie avait aussi développé sa propre production d'électricité, avec des centrales à gaz, mais aussi des capacités renouvelables depuis le rachat de la société spécialisée Quadran.

Une nouvelle centrale à gaz de 400 mégawatts est d'ailleurs prévue en Bretagne, à Landivisiau, tandis que ses futurs projets d'électricité renouvelable atteignent 2 gigawatts en France.

"Cela correspondait très bien à la stratégie que l'on voulait mettre en oeuvre, puisque Direct Energie, c'est à la fois une activité commerciale forte et aussi une stratégie intégrée puisqu'ils ont depuis deux, trois ans une stratégie de développement de l'électricité sur une base gaz et renouvelables", a expliqué à l'AFP Patrick Pouyanné, le PDG de Total.

"C'est exactement ce que veut faire Total", a-t-il souligné.

Le dirigeant a aussi insisté sur le fait qu'il s'agissait d'une "opportunité qui, économiquement, est intéressante", puisque le cours de Direct Energie avait baissé dernièrement.

Concrètement, à l'issue du processus de rapprochement, il n'y aura plus "qu'une seule marque", qui reste encore à définir.

Quant à la direction, elle restera en place autour du PDG et cofondateur de Direct Energie Xavier Caïtucoli. Patrick Pouyanné a salué l'expérience d'une "équipe qui travaille sur ces marchés depuis 2003".

- "Potentiel de croissance" -

"Le projet de faire plus grand encore m'intéresse évidemment", a de son côté réagi Xavier Caïtucoli.

"Il y a encore la moitié des gens qui ne savent pas que l'on peut changer de fournisseur, donc il y a un potentiel de croissance considérable", a-t-il souligné, interrogé par l'AFP.

"Si vous ajoutez à cela les questions qui sont posées autour des tarifs réglementés, ma conviction est que les parts de marché vont se redistribuer dans les années qui viennent et le troisième acteur français aura son mot à dire", a assuré Xavier Caïtucoli.

Le gouvernement envisage en effet une fin progressive des tarifs réglementés du gaz, appliqués par Engie à cinq millions de foyers, avec leur extinction à l'horizon 2023 pour les particuliers.

Les tarifs réglementés de vente (TRV) de l'électricité appliqués par EDF à plus de 27 millions de consommateurs en France ont aussi été attaqués en justice par des fournisseurs alternatifs.

A la Bourse de Paris, l'action Total progressait de 1,11% à 49,46 euros vers 14H00, dans un marché en hausse de 0,34%. Le titre Direct Energie s'envolait de 30,46% à 42,06 euros.

Total "est en train de créer un écosystème complet sur le segment [de l'électricité] et est clairement bien positionné en cas de poursuite de la libéralisation du marché français des particuliers", ont salué les analystes de Bryan Garnier. Ils jugent toutefois l'acquisition "plutôt chère à première vue".

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