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Il est l'un des rares conseillers à subsister depuis les débuts de la Maison Blanche de Donald Trump. Stephen Miller est aussi l'un des plus radicaux, partisan d'une politique anti-immigration décomplexée dont l'influence a été mise en lumière par le départ de Kirstjen Nielsen.
Les médias voient en effet la main de cet homme de 33 ans dans la démission dimanche de la ministre de la Sécurité intérieure.
Jugée trop laxiste, elle avait pourtant appliqué à la lettre les volontés du président, couchées sur le papier par Stephen Miller: "tolérance zéro" et criminalisation de l'immigration clandestine, séparation des familles de migrants, renvoi des demandeurs d'asile au Mexique pendant l'examen de leur dossier, sans oublier la construction d'un mur le long de la frontière sud des Etats-Unis.
Mais elle n'a pas résisté à la frustration grandissante de Donald Trump face à l'afflux à la frontière --100.000 personnes en mars, selon des chiffres provisoires-- et aux multiples recours judiciaires contre ses décisions.
- Chauffeur de salle -
Avec son air de jeune technocrate à la calvitie prononcée, toujours tiré à quatre épingles, Stephen Miller fait partie du premier cercle du milliardaire républicain depuis 2016.
Il est né dans une famille juive libérale de Santa Monica, en Californie.
En 2003, il explique avoir forgé sa rhétorique au collège, en réaction à la "partialité de gauche enracinée" chez les enseignants qui lui mettront "des mauvaises notes pour avoir exprimé des points de vue conservateurs".
Il continue à militer contre le multiculturalisme à l'université de Duke (Caroline du Nord) qu'il intègre en 2004.
Selon l'organisation de lutte contre le racisme South Poverty Law Center, c'est là qu'il rencontre Richard Spencer, militant suprémaciste blanc qui deviendra l'une des figures de l'"alt-right", la droite radicale américaine. Les deux étudiants participent notamment à l'organisation d'un débat contre l'immigration.
M. Miller a nié avoir collaboré avec Richard Spencer.
Parallèlement, il contribue au Centre pour les études sur l'immigration (CIS), un cercle de réflexion conservateur favorable à une limitation stricte de l'immigration légale.
En 2014, alors assistant du sénateur ultra-conservateur Jeff Sessions, il aide à l'abandon d'une grande réforme sur l'immigration. Le projet de loi, fruit d'un consensus politique, aurait durci la législation tout en offrant une voie vers la citoyenneté pour plusieurs millions de clandestins.
Deux ans plus tard, il intègre l'équipe de campagne de Donald Trump. Il devient rapidement un proche du candidat, écrivant ses discours ou chauffant les salles en répétant le mantra du candidat sur l'immigration et le mur.
- Décret migratoire -
Après l'investiture de Donald Trump en janvier 2017, il est l'un des architectes du décret présidentiel qui interdit l'entrée sur le territoire aux ressortissants de plusieurs pays à majorité musulmane. Dénoncé en justice, le texte est finalement validé, après des retouches, par la Cour suprême au printemps 2018.
Il est aussi favorable à l'expulsion des immigrés du Guatemala, du Honduras et du Salvador. "Des milliers d'Américains meurent chaque année à cause des menaces à notre frontière sud", dit-il en janvier 2019, une affirmation qui s'avère fausse selon les statistiques.
En janvier 2018, il est aussi celui qui persuade le président de refuser un texte de consensus sur une réforme de l'immigration.
Depuis deux ans, il est devenu un épouvantail pour les militants anti-racistes et pour les démocrates. Un soir, il est conspué et traité de "fasciste" alors qu'il dîne au restaurant.
La représentante démocrate musulmane Ilhan Omar l'a traité lundi de "nationaliste blanc", lui valant d'être accusée d'antisémitisme.
Interrogé par le site d'informations Mother Jones en décembre 2016, Richard Spencer a toutefois affirmé que Miller "n'est ni alt-right, ni nationaliste, ni identitaire".
Une partie de sa famille s'est aussi détournée de lui. Son oncle David Glosser a évoqué en 2018 son "désarroi" et "son horreur grandissante" face aux idées de son neveu qui "vont à l'encontre des fondements de la vie de notre famille dans ce pays".
Son ancien rabbin, Neil Comess-Daniels, lui a reproché d'avoir "rabaissé la contribution juive à l'union spirituelle du monde à travers (sa) division arbitraire de ces gens désespérés".