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Le "Sofagate" continue de remuer la politique européenne. Le secrétaire français aux Affaires européennes Clément Beaune a martelé dimanche que "l'affront" fait à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen lors d'une visite à Ankara était un acte "délibéré", un "piège" de la Turquie. "C'est un affront de la part de la Turquie", a-t-il déclaré dans l'émission "Le Grand Jury" des médias RTL/Le Figaro/LCI, écartant la thèse d'une erreur de protocole européen. "Il faut remettre l'église au milieu du village. Le problème dans cette affaire ce n'est pas l'Europe, c'est la Turquie", a asséné le responsable français. "La Turquie s'est mal comportée", a-t-il ajouté, en pointant "une forme d'agressivité générale et de posture de la Turquie à l'égard de l'Europe". "C'est un problème turc qui a été fait, délibérément je crois, à notre égard (...) Il ne faut pas qu'en plus on batte notre coulpe d'Européens", a-t-il insisté.
"Il y a eu une forme de piège (..) Entre celui qui a tendu le piège et celui qui est tombé dans le piège, je préfère qu'on mette la culpabilité sur celui qui a tendu le piège", a déclaré Clément Beaune. Il a aussi estimé qu'il y avait "un vrai problème de non respect de la démocratie et de dérive autocratique en Turquie" et que les Européens se devaient d'être "très fermes avec les Turcs".
Plus largement, il a aussi plaidé pour une "seule incarnation" de l'UE à l'international plutôt qu'un exécutif bicéphale. "Il serait bien dans les années qui viennent (..) qu'il y ait une seule présidence de l'exécutif européen. Il faut qu'on ait des institutions européennes plus fortes, mieux incarnées", a-t-il dit.
Une pétition lancée contre Charles Michel
La Fondation Millennia a lancé une pétition contre Charles Michel. La Fondation internationale d'utilité publique pour l'autonomisation des femmes et l'égalité a été créée par l'Institut Destrée en 2007. Elle dispose d'un statut consultatif auprès d'instances de l'ONU.
La pétition en question pointe "trois erreurs" de Charles Michel. "Erreur à l'encontre de la diplomatie. Le dictateur vous a tendu un piège à tous deux en ne plaçant qu'un seul siège à côté du sien pour la rencontre officielle. Et vous, M. Michel, vous êtes précipité sur ce siège, presque couché tant vous vouliez l'occuper. [...] Vous avez été grossier avec une égale, vous l'auriez été de même avec un homme ou une femme", indique d'abord la pétition. "Erreur à l'encontre de l'Union européenne. Votre attitude irréfléchie porte préjudice à l'ensemble des citoyennes et des citoyens de l'Union européennes face au président de la Turquie, offrant au dictateur une image de conflit interne, de faiblesse d'intelligence et de réaction", ajoute le document en ligne. "Erreur à l'encontre des Droits humains et particulièrement des droits des femmes. [...] En prenant ostensiblement le leadership en tant qu'homme sur une femme pourtant votre égale en titre politique, vous offrez un renforcement au dictateur sur l'écrasement qu'il veut imposer aux femmes et aux filles de la Turquie", précise encore le document.
Cette pétition est portée par la Fondation Millennia au nom de centaines de militantes pour le droit des femmes à travers l'Europe. Le groupe demande dans sa pétition la démission de Charles Michel. Selon le document en ligne, 3.291 signatures ont été récoltées en date de ce dimanche à 15h.
Rappel sur l'origine du "Sofagate"
Le nom de l'affaire est issu de la polémique née lors de la rencontre, mardi 6 avril, entre Charles Michel, président du Conseil européen, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et Recep Tayyip Erdogan, président de la Turquie, à Ankara, la capitale turque.
Lors de ce rendez-vous, deux sièges avaient été placés au centre de la pièce où avait lieu la réunion. Recep Erdogan s'est assis sur l'un, Charles Michel sur l'autre, et Ursula von der Leyen s'est retrouvée debout dans une position délicate. Après un instant de confusion gênant pour la présidente de la Commission, celle-ci s'est installée dans un divan situé à proximité, mais à l'écart des deux hommes. Bref, un véritable problème en matière de protocole.
La Turquie s'est défendue de tout affront en imputant cet incident à un problème de protocole entre institutions de l'UE. Les services de Charles Michel ont répliqué n'avoir pas eu accès au préalable à la salle où devait se tenir la réunion. Mais le Conseil européen a aussi fait savoir que son président avait la préséance sur la Commission pour le protocole international.