Accueil Actu

Résolution sur la guerre en Ukraine à l'ONU: la Russie pose son veto, l'Ukraine s'en prend à son ambassadeur

Une résolution a été présentée au Conseil de sécurité de l'ONU, qui réunit 15 pays. Le texte déplorait dans "les termes les plus forts" l'"agression contre l'Ukraine" de la Russie et lui réclamait de retirer "immédiatement" ses troupes de ce pays. 11 pays ont voté en faveur du texte et 3 se sont abstenus. La Russie a finalement été le seul pays à s'opposer à la résolution et à poser son veto.

Il est le seul à voter contre la résolution qui déplore l’invasion de la Russie en Ukraine: l’ambassadeur Russe auprès de l'ONU ne peut même plus compter sur le soutien de la Chine. Sur les 15 membres du Conseil, 11 pays ont voté en faveur du texte, co-rédigé par les Etats-Unis et l'Albanie, trois se sont abstenus: Chine, Inde et Emirats arabes unis. Pékin a affirmé être contre la prise de sanctions qui pleuvent sur la Russie, Inde et Emirats n'ont pas expliqué clairement leur abstention.

Pour certains ambassadeurs à l’ONU, Moscou est en train de s’isoler. "Le résultat du vote de ce jour est clair: la Russie est seule", a commenté Nicolas de Rivière, l'ambassadeur français à l'ONU.

La vérité est avec nous, la victoire sera nôtre

Devant le conseil de sécurité, l’ambassadeur ukrainien s’en est pris longuement à son homologue russe. Il l'a accusé d’avoir menti, après avoir promis ces dernières semaines qu’il n’y aurait aucune invasion. "Vos paroles ont moins de valeur qu'un trou dans un bretzel", a déclaré Sergiy Kyslytsya, l'ambassadeur ukrainien, avant de réclamer une minute de silence pour les morts en Ukraine, ponctuée par une salve d'applaudissements sous l'oeil noir du diplomate russe.

Avant la séance, Sergiy Kyslytsya avait posé, drapeau ukrainien en main, entouré des ambassadeurs de l'Union européenne, devant une vaste tapisserie représentant la peinture Guernica de Picasso, ornant un mur à l'entrée du Conseil de sécurité.

Le veto russe est "une tache de sang sur sa plaque au Conseil de sécurité", a réagi sur Twitter le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a jugé que le soutien au projet de résolution montrait "que le monde était avec" l'Ukraine. "La vérité est avec nous, la victoire sera nôtre", a-t-il ajouté.

Un texte modifié pour éviter des votes négatifs

Le texte avait été adouci dans les heures précédant le scrutin pour "sécuriser" l'abstention des trois pays hésitant avec un vote négatif, selon un diplomate. Le texte proposé ne comportait ainsi plus le terme "condamner", remplacé par "déplorer". Une référence au chapitre 7 de la Charte de l'ONU, qui inclut un recours à la force, a aussi été supprimée. Le texte réaffirmait aussi l’attachement à la souveraineté, l’indépendance, l’intégrité territoriale de l’Ukraine, et prévoyait également le retrait des forces militaires russes.

La résolution "condamne" l'agression de la Russie, a cependant tranché l'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, tandis que son homologue albanais, Ferit Hoxha, dénonçait de manière virulente Moscou pour avoir "décidé d'infliger la mort" en Ukraine, lors d'une séance empreinte de gravité. "Les Etats membres responsables n'envahissent pas leur voisin", a ajouté la diplomate américaine, en estimant que les abstentionnistes, lors du vote, "ne défendent pas la Charte des Nations unies".

En regrettant une réunion sans résultat, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres a affirmé qu'il fallait "donner une nouvelle chance à la paix". "Les soldats doivent retourner dans leurs casernes", a-t-il imploré. "Des civils meurent" en Ukraine, a-t-il dit, alors que l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia, quelques minutes plus tôt au Conseil de sécurité, avait assuré que l'armée russe ne visait que des cibles militaires.

La Russie affirme se défendre et dénonce une "manipulation"

Depuis le début de son invasion militaire de l'Ukraine dans la nuit de mercredi à jeudi, la Russie, accusée par l'Occident et le chef de l'ONU de violer la Charte des Nations unies, clame agir en autodéfense en vertu de l'article 51 du document fondateur de l'Organisation.

Après le vote, Vassily Nebenzia a dénoncé un projet de résolution "anti-russe et anti-ukrainien", accusant l'Occident de manipuler l'opinion mondiale.

Vers un vote à l'Assemblée générale

Selon des diplomates, une résolution similaire à celle soumise au Conseil de sécurité devrait être proposée dans les jours à venir à un vote de l'Assemblée générale de l'ONU (193 membres) où le droit de veto n'existe pas. Certains ambassadeurs estiment qu'au vu du "désastre" actuel en Ukraine, plus d'une centaine de pays pourraient voter en sa faveur à l'Assemblée générale.

La résolution américano-albanaise avait reçu le co-parrainage de plus de 80 pays. Elle prévoyait, outre une vive critique de la Russie, de réaffirmer un soutien à la souveraineté de l'Ukraine, et d'obliger la Russie à cesser "de recourir à la force" et à retirer "immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires" de ce pays.

Dans un communiqué, Kenneth Roth, directeur de l'ONG Human Rights Watch, a vivement dénoncé un veto russe qui "envoie un signal effrayant aux civils ukrainiens de son indifférence au droit international".

En 2014, après l'annexion russe de la Crimée, qui s'était faite sans effusion de sang, Moscou avait déjà mis son veto à un texte le condamnant, qui avait recueilli 13 voix favorables, la Chine s'abstenant. L'Inde ne faisait pas partie alors du Conseil de sécurité.

Une résolution ensuite à l'Assemblée générale avait obtenu 100 voix favorables. Onze pays avaient voté contre, 58 s'abstenant. Le reste des membres des Nations unies n'avait pas pris part au scrutin.

À lire aussi

Sélectionné pour vous