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En 1893, le suffrage universel plural est instauré. À partir de cette date, tous les hommes peuvent voter mais disposent d'une, deux ou trois voix selon leur fortune ou leur situation familiale. C'est également à cette époque que le Parti ouvrier belge, ancêtre du Parti socialiste, voit le jour. Les partis catholique et libéral déjà existants craignent que les classes populaires, pouvant voter pour la première fois, se déplacent en masse vers les urnes pour soutenir le POB. Catholiques et libéraux craignent d'être délaissés par les classes moyennes supérieures qui restent chez elles. Pour éviter cela, le vote est rendu obligatoire.
Cette semaine, le nouveau gouvernement flamand a annoncé parmi ses mesures la suppression du vote obligatoire dès les élections communales et provinciales de 2024. Toutefois le vote reste obligatoire pour les scrutins fédéraux et régionaux. Les avis sont partagés quant à l'intérêt de rendre les votes obligatoires.
"Je crois que le vote obligatoire règlerait certains problèmes"
"Nous avons des devoirs, des droits et des obligations. Parmi ces obligations, c'est celle de s'exprimer, de faire un choix, affirme Philippe Courard. "Ça permet d'avoir une décision qui est partagée par l'ensemble de la population. On voit que quand le vote n'est pas obligatoire, 30 %, 40 % des électeurs se déplacent. Et ceux qui sont socio-économiquement ou culturellement moins favorisés ne s'expriment pas."
Le député socialiste étaye son propos en prenant pour exemple des pays où le vote n'est pas obligatoire : "quand on voit comment cela se passe dans certains autres pays, je crois que le vote obligatoire règlerait certains problèmes. Je pense à nos amis français. Nous n'aurions peut-être pas un front national aussi puissant si chaque Française et chaque Français s'exprimait."
"Cela n'a pas empêché le Vlaams Belang d'être très haut en Flandre"
Le délégué général du Mouvement réformateur Georges-Louis Bouchez tempère cet état de fait en affirmant que l'obligation de vote "n'a pas empêché le Vlaams belang en Flandre d'être très haut, ou le PTB en Wallonie. Donc on voit que l'obligation de vote ne permet pas du tout contenir en matière de populisme."
Le sénateur montois partage toutefois l'avis de Philippe Courard : "les personnes qui risquent le plus de décrocher sont des personnes qui sont très ciblées sur un plan socio-économique." Il conclut : "il faut se poser la question de savoir pourquoi elles décrochent. Ça veut dire qu'il y a un échec en matière d'enseignement, en matière sociale. Et moi je préférerais qu'on travaille sur ces questions."