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Près de Lyon, le refuge retrouvé d'une troupe ukrainienne

Les portes du bus s'ouvrent, de jeunes enfants tout engourdis en sortent, sous quelques applaudissements: la petite commune de Saint-Pierre-de-Chandieu (Rhône) a accueilli jeudi une cinquantaine d'Ukrainiens, soulagés d'être en "sécurité" mais loin de leurs pères restés au pays pour les "protéger".

Le rendez-vous initial fixé dans la nuit à la trentaine de famille hôtes sur le parking de la salle de spectacle de cette commune de 4.800 habitants à 25 km de Lyon a dû être repoussé... Le bus, parti de Lviv mardi, a en effet subi une avarie technique à 70 km de Lyon et il a fallu en dépêcher un autre pour transférer ces 49 femmes et enfants, finalement arrivés à bon port vers 09H30.

Filles et garçons - de 2 à 17 ans - sont pour la plupart membres de l'école de danse folklorique Vesseli Tcherevytchy de Lviv, qui se produit chaque année en France dans une tournée organisée par l'association "Les joyeux petits souliers", au profit d'orphelinats et hôpitaux de Lviv.

La présidente de l'antenne lyonnaise, Anne-Marie Galayda, descendante d'Ukrainiens ayant fui la grande famine des années 1930, habite à Saint-Pierre-de-Chandieu, où la compagnie se produit chaque année, hébergée par des familles dont certaines sont à nouveau là jeudi pour accueillir des visages familiers.

C'est ainsi que Marie-France Wittlin et son mari Bernard, retraités, retrouvent Olena Semehyshyn, 34 ans, pianiste et professeur de musique, venue avec ses quatre enfants.

"Nous connaissons cette compagnie de danse depuis 1998, chaque année ils dorment chez nous. Tendre la main, être là quand il faut, c'est normal, c'est obligatoire...", explique Mme Wittlin, 73 ans, devant le coffre ouvert de sa voiture, remplis d'affaires de voyage.

A ses côtés, son petit Demian (2 ans) dans les bras, Olena raconte: "A la maison, on n'a pas dormi pendant 3 nuits, on entendait les sirènes, on se cachait dans les abris sous-terrains. Alors on a accepté la proposition de la France, pour notre sécurité. Mon mari, prêtre et enseignant à l'université catholique, aide les gens de Kiev réfugiés à Lviv".

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Tous ne connaissent pas leurs hôtes. Daniel Martin, 73 ans, et sa femme Marie-France, anciens commerçants, ont été sollicités la veille par Mme Galayda. Elle leur a dans la foulée envoyé une fiche de vocabulaire ukrainien de base, que Daniel fait défiler sur son smartphone.

"A priori, nous allons recevoir une maman et deux ou trois enfants. A notre échelle, il fallait faire quelque chose pour ces gens qu'on voit souffrir, abandonnés, face à un fou qui est un Hitler bis".

Le maire Raphaël Ibanez, en écharpe, serre dans ses bras une petite fille en bonnet. "On a eu une réunion de crise samedi, on a été horrifiés par ces évènements. Lundi, on a lancé un appel aux dons, et depuis on en a reçu des flots!".

Denrées alimentaires non-périssables, vêtements, médicaments: le sous-sol de la mairie déborde et un camion venu d'Ukraine pour livrer une entreprise lyonnaise -- où travaille une habitante de St-Pierre -- est attendu pour récupérer tous ces produits.

Les traits tirés, Sofia, 18 ans, raconte en français que "le voyage a été très long, mais partout, sur la route, nous avons été soutenus". Zachari, 16 ans, est "triste", car son pays "va mal". Son père lui manque, resté pour "protéger la ville et le pays", mais "l'accueil ici est formidable".

Avant de prendre place dans les voitures de leur famille d'accueil, tous se regroupent devant le bus et entonnent a capella l'hymne ukrainien, main sur le coeur.

Combien de temps vont-ils rester? "Je ne sais pas. Quinze jours dans un premier temps. Si on a encore besoin de nous, nous serons là. Et je pense qu'on aura encore besoin de nous...", résume Laure Gentaz, inspectrice d'assurances, hôte d'une maman de 41 ans et de ses deux filles de 14 et 18 ans.

Le cas échéant, la mairie a aussi contacté la principale du collège, pour scolariser tous ces enfants.

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