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Pénurie dans les banques de sperme: comment l'expliquer?

Les banques de sperme des pays nordiques font face à une pénurie, causée principalement par les mesures liées à la gestion de la pandémie (fermetures, limitation de voyage, confinements...). En Belgique, 95% des dons de sperme sont issus des banques danoises.

"Les banques danoises présentent des pénuries liées probablement au Covid et aux fermetures que ces centres ont dû avoir et qui ont empêché certains donneurs de venir en période de Covid", explique Candice Autin, gynécologue et responsable du centre de procréation médicalement assistée du CHU St Pierre à Bruxelles.

En Belgique, la pénurie de donneurs de sperme existe depuis longtemps, au moins vingt ans. La culture du don est peu développée dans notre pays. Il y a une forme de tabou autour du sujet. Les centres de procréation médicalement assistée (PMA) ont l’interdiction de faire de la publicité, ou d’encourager au don.

Pour les personnes qui souhaitent un don de sperme, les obstacles sont nombreux : paperasse administrative importante, examens contraignants, coût de transport, coût des rendez-vous médicaux, des examens et des éventuels traitements...

La question de l'anonymat

Autre raison : au Danemark, il est possible de lever l'identité du donneur. "Il y a de plus en plus de donneurs non-anonymes au Danemark", confirme Candice Autin.

En Belgique, c'est interdit, seul le don anonyme est autorisé. Il ne peut pas être rémunéré mais est dédommagé de 50 à 70 euros pour couvrir les frais du donneur.

"On peut dédommager pour les désagréments subis, c'est-à-dire qu'on va considérer que la personne a peut-être pris une demi-journée de congé, a eu des frais pour se déplacer jusqu'à l'hôpital, a dû faire une prise de sang et une analyse d'urine. Et donc, il y a un défrayement qui est de 50 euros par don. Et donc, on ne peut pas dire que les donneurs soient motivés par des raisons financières", précise Candice Autin.

Il existe néanmoins ce qu'on appelle le don dirigé, ce cas est minoritaire. Il s'agit d'une situation où le donneur accorde ses gamètes uniquement au(x) parent(s) qu’il(s) connaît. Une convention est alors signée entre les parties pour lever les droits de la filiation. On laisse aux parents la responsabilité de lever l’anonymat envers l’enfant. L’enfant issu de ce don non-anonyme n’aura aucun droit propre à l’identité de son donneur et devra obligatoirement passer par ses parents.

Au Danemark par contre, l’enfant peut, à ses 18 ans, demander à entrer en contact avec le donneur, si ce dernier y a consenti. De plus en plus de donneurs choisissent cette formule de levée d’anonymat à la majorité, dont le Danemark fait d’ailleurs la promotion. En Belgique, la loi ne nous permet pas de choisir ces profils. Conséquence : cela réduit encore le choix/les possibilités.

Les banques étrangères face à des difficultés

Les banques étrangères (et plus particulièrement scandinaves) font face à plusieurs difficultés et notamment les législations, de plus en plus contraignantes. Elles obligent les centres scandinaves à respecter des règles toujours plus strictes, entraînant lenteurs et lourdeurs, ce qui n'incite pas aux dons.

Même si plusieurs propositions de loi ont été déposées en Belgique, notre pays ne suit pas la tendance européenne vers une levée de l’anonymat. Géraldine Mahieu, chargée de cours à l’UNamur et spécialiste du droit de l’enfant, milite en sa faveur. Pour elle : "L’enfant a un droit fondamental de connaître son histoire et d’où il vient. On crée une discrimination entre les enfants nés de manière naturelle et de PMA", déclare-t-elle.

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