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Ouverture du procès du jihadiste "repenti" Kevin Guiavarch et de ses quatre femmes

Le procès du jihadiste "repenti" Kevin Guiavarch jugé pour association de malfaiteurs terroriste aux côtés de sa femme et de ses trois co-épouses s'est ouvert lundi devant la cour d'assises spéciale de Paris.

L'audience s'est ouverte sans que personne ne porte un masque sur le visage comme cela était la règle depuis plusieurs mois.

Kevin Guiavarch, 29 ans, cheveux courts et barbe fournie tirant sur le roux, portant une chemise de bûcheron rouge et noir, partage le box des accusés avec Sahra R., 27 ans, une de ses ex-épouses, visiblement enceinte de plusieurs mois.

Une demande de mise en liberté provisoire de Sahra R. devait être examinée dans l'après-midi par la chambre de l'instruction, a indiqué le président de la cour, David Hill à l'ouverture de l'audience.

Tous les autres accusées comparaissent libres, sous contrôle judiciaire.

Outre Kevin Guiavarch et ses quatre "épouses", une cinquième femme, Camélia M., est jugée à leurs côtés pour "financement d'entreprise terroriste". Elle est accusée d'avoir cherché à faciliter le départ en Syrie d'une mineure radicalisée, originaire de Troyes, qui aurait dû épouser Kevin Guiavarch une fois en Syrie.

L'infraction d'association de malfaiteurs terroriste criminelle est passible de 30 ans de réclusion mais, en raison de la date des faits reprochés aux accusés ils risquent 20 ans de réclusion. Camélia M. encourt quant à elle 10 ans de réclusion.

"Je suis allé en Syrie pour venir en aide à la population", a expliqué Kevin Guiavarch après l'exposé des faits par le président Hill en soulignant qu'il avait d'abord combattu dans les rangs de l'Armée syrienne libre (ASL) avant que son groupe rejoigne l'EI. "Traumatisé" par la mort au combat d'un de ses camarades, il a indiqué n'avoir eu de cesse de quitter la Syrie avec sa famille.

Issu d'une famille chrétienne, Kevin Guiavarch s'est converti à l'islam à l'âge de 13 ans. Il se serait radicalisé lors de l'installation de sa famille à Grenoble à partir de 2009.

Il milite dans les rangs du groupe islamiste radical Forsane Alizza ("Les cavaliers de la fierté", aujourd'hui dissous) qui prône le jihad armé et souhaite instaurer un califat en France.

Après un premier mariage et la naissance d'un premier enfant, il épouse en avril 2012, Salma O., de douze ans son aînée, également militante à Forsane Alizza. Le couple rejoint la Syrie à la fin de l'année 2012.

Installé dans une zone contrôlée par l'EI, le jeune homme se retrouve assez rapidement à la tête d'un foyer de quatre épouses avec lesquelles il aura six enfants.

Outre Salma O., Kevin Guiavarch épouse Parveen L. (née en 1994), puis Sally D. (1990) et enfin Sahra R. (1994), toutes originaires de France et recrutées depuis la Syrie via un compte Facebook.

Selon l'accusation, le jihadiste, devenu Abou Ayoub, a été "combattant" au sein de l'EI. De nombreux clichés le montrent en tenue de combat et en possession d'armes de guerre.

Mais l'intéressé conteste cette version, assurant avoir joué "un jeu de rôle" auprès de l'EI et affirmant qu'il songeait à déserter ses rangs dès 2014 mais qu'il était resté sur zone "par résignation".

Après trois tentatives infructueuses, Guiavarch et sa famille nombreuse sont parvenus à entrer en Turquie à pied le 6 juin 2016. Rapidement interpellés, ils sont remis à la France en octobre et novembre 2016.

Le procès est prévu jusqu'au 25 mars.

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