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La nouvelle loi néo-zélandaise sur les armes qui interdit les modèles semi-automatiques a été signée jeudi et entrera en vigueur la nuit prochaine, moins d'un mois après le carnage commis par un suprémaciste blanc australien dans deux mosquées de Christchurch.
Le 15 mars, 50 fidèles musulmans avaient été abattus pendant la prière du vendredi dans la grande ville de l'Île du Sud, suscitant une vague d'indignation dans ce pays connu pour sa douceur de vivre, et dans le monde entier.
Moins d'une semaine après cette tuerie, la Première ministre Jacinda Ardern avait annoncé son intention d'interdire les armes semi-automatiques de type militaire (MSSA).
S'il faut généralement des mois pour que ce genre de loi passe au Parlement, Mme Ardern avait jugé le sujet d'une urgence telle qu'elle avait fixé jusqu'à ce jeudi 11 avril pour qu'elle soit adoptée.
La gouverneure générale de Nouvelle-Zélande, Patsy Reddy, représentante dans l'archipel de la reine Elizabeth II, a signé la loi jeudi soir, ce qui signifie qu'elle entrera en vigueur à minuit, dans la nuit de jeudi à vendredi.
La nouvelle loi a pour but de retirer de la circulation les armes semi-automatiques au travers notamment de l'interdiction de leur vente, d'un programme de rachat et de lourdes peines pour les contrevenants.
La législation interdit "les armes semi-automatiques, les chargeurs, et les pièces qui peuvent être utilisées pour assembler des armes à feu interdites".
- Modalités du rachat à définir -
La police néo-zélandaise continuait jeudi de préparer la mise en oeuvre du programme de rachat, en indiquant qu'une amnistie était en place pour les propriétaires d'armes à feu désormais prohibées.
"Nous sommes déterminés à travailler en partenariat avec la communauté des propriétaires d'armes à feu pour rendre la transition vers les nouvelles législations aussi facile que possible", a déclaré aux journalistes le commissaire adjoint Michael Clement.
Les autorités ont rendu publique une liste d'armes concernées et demandé aux propriétaires de modèles en question de prendre contact avec la police. Les modalités pratiques du rachat doivent encore être définies.
"Nous appelons à la patience pendant que nous travaillons à la mise en oeuvre du processus", a ajouté M. Clement en précisant que la période d'amnistie durerait six mois. Ceux qui enfreindraient les nouvelles lois risquent jusqu'à dix ans de prison.
Mercredi, les parlementaires avaient adopté en dernière lecture la réforme à la quasi unanimité.
Visiblement émue, Mme Ardern a déclaré jeudi au Parlement qu'elle se rappelait "vivement" du moment, après le massacre, où elle a décidé en consultant peu de monde que le gouvernement devait sévir sur les armes.
Elle a expliqué que c'était pendant un briefing de la police, quand on l'a mise au courant de "la nature de l'attaque", des armes utilisées et de la façon dont elles avaient été légalement obtenues.
"Je ne pouvais concevoir comment des armes capables de provoquer autant de destruction et de semer la mort à grande échelle pouvaient être légalement obtenues dans ce pays", a-t-elle dit.
Elle a ajouté qu'elle ne pouvait faire face à la population ou "aux victimes de cette attaque terroriste et leur dire la main sur le coeur que notre système et nos lois permettaient que ces armes soient disponibles et que c'était bien ainsi. Ca ne l'était pas."
D'autres mesures devraient suivre, notamment, potentiellement, la création d'un registre des armes, un renforcement des contrôles préalables à la délivrance de permis de port d'arme ainsi que des exigences plus fortes en matière de stockage des armes.