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Voici Harbin, la destination tendance des vacances d'hiver chez les "petites patates"

Dans les rues glaciales de Harbin, dans le nord-est de la Chine, des grappes de touristes coiffés de bonnets ornés de pompons et d'oreilles d'animaux déambulent, attirés par la même tendance en vogue sur les réseaux sociaux.

Les romans et les séries populaires dont l'intrigue se déroule dans le Dongbei, le nom en mandarin de cette région frontalière de la Russie et de la Corée du nord, ont déclenché un engouement chez les habitants du sud de la Chine, au climat bien plus doux.

Ces touristes sont surnommés les "petites patates du sud", référence affectueuse à leurs petites silhouettes emmitouflées dans un attirail excentrique et coloré pour affronter le froid perçant, le mercure pouvant descendre jusqu'à -30 degrés.

"Ces gens du sud, qu'on appelle petites patates, ont commencé à venir et ont transformé Harbin en destination à la mode", explique dans les rues de la ville Emily Liu, une guide touristique locale. 

Cette fièvre sur les réseaux sociaux a été très bénéfique à l'industrie du tourisme, confirme Jiang Zhonglong, gesticulant à quelques mètres derrière un pied d'appareil photo.

Ce trentenaire travaille depuis trois ans pour une agence de voyage basée à Harbin, dont l'activité est montée en flèche depuis la fin de la pandémie: "les patates du sud, ont vraiment afflué en grand nombre", observe-t-il.

L'appel du nord 

Harbin est la capitale du Heilongjiang, l'une des trois provinces qui composent la région du Dongbei.

Aux confins du pays, c'est l'une des provinces les plus pauvres de Chine, surpassant seulement le Jilin voisin, l'île tropicale de Hainan, les provinces occidentales du Gansu et du Qinghai, ainsi que les régions autonomes moins peuplées du Tibet et du Ningxia.

Mais le Heilongjiang voit sa conjoncture s'éclaircir: les recettes tirées des secteurs de la culture, du sport et du divertissement ont bondi depuis le début de l'année, en hausse de 60% de janvier à mai par rapport à l'an passé, selon les données officielles. 

 

Les touristes ont dépensé 154 milliards de yuans (20,2 milliards d'euros) pendant les six premiers mois de l'année, selon les mêmes statistiques, soit une augmentation de 171% sur un an.

Les réseaux sociaux sont largement responsables de cette embellie: sur l'application Xiaohongshu, un réseau social chinois, la recherche "petites patates du sud en périple dans le nord" génère près de 500.000 résultats.

C'est sur cette plateforme que Chen Xiting, employée dans le commerce en ligne dans la province méridionale de Canton, s'est décidée à prendre ses billets pour le nord.

La jeune femme de 29 ans a remarqué qu'elle n'était pas la seule Cantonaise dans les rues de Harbin.

"J'entends pas mal de gens parler cantonais", que ce soit "sur les lieux touristiques ou dans la rue", explique-t-elle, engoncée dans d'épais vêtements et coiffée d'un chapeau arborant des oreilles de chien.

Fierté locale 

En ce soir de décembre, un flot continu de visiteurs déambule sous les lumières jaunâtres de la rue commerçante emblématique de Harbin.

Parmi eux, M. Ling est venu avec sa femme depuis la province côtière du Zhejiang pour "daka" - une formule décrivant la prise de photos depuis un lieu populaire en vue de les partager sur les réseaux sociaux.

"On passe du temps à parcourir Douyin (version chinoise de TikTok, NDLR), et on voit souvent des vidéos de promotion de Harbin", explique le trentenaire.

M. Ling reconnaît qu'il était auparavant influencé par les stéréotypes négatifs sur le Dongbei. "Mais après être venu ici, je réalise que tout est plutôt correct", dit-il. 

"J'étais à la recherche d'une expérience culturelle originale par rapport à là d'où je viens. Le style et le climat sont complètement différents", ajoute-t-il.

 

A quelques pas, une flopée de visiteurs s'entasse dans un magasin vendant des produits venus de la Russie voisine. 

Le nombre de piétons dans la rue a triplé depuis 2022, affirme la gérante surnommée Zhangzhang, qui travaille depuis plus de dix ans dans le quartier. 

"Ma ville natale est devenue d'un coup très populaire", affirme-t-elle, se disant "extrêmement fière".

Depuis l'an dernier, sa boutique vend de plus en plus de chapeaux et d'écharpes aux "petites patates" à court de vêtements chauds, qui raffolent des motifs floraux typiques de la région. 

"Je crois que tout cela peut aider à vitaliser l'économie du Dongbei", conclut-elle.
 

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