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Des hommes armés ont fait irruption mardi après-midi sur le plateau d'une télévision publique (TC) à Guayaquil (sud-ouest de l'Équateur), prenant en otage des journalistes et d'autres employés, selon les images diffusées en direct par cette chaîne.
"Ne tirez pas, s'il vous plaît, ne tirez pas!", crie une femme au milieu des coups de feu, tandis que les assaillants, munis de pistolets, fusils à pompe et certains de grenades artisanales, frappent et forcent les personnes terrorisées à se mettre au sol. L'un d'entre eux est encagoulé, d'autres portent capuches et casquettes. D'autres encore ont le visage à découvert ou se filment avec leur téléphone portable, tandis que plusieurs d'entre eux font avec les doigts des deux mains les habituels signes de reconnaissance des bandes criminelles liées au narcotrafic qui font régner la terreur en Équateur.
"Ils sont entrés pour nous tuer, mon Dieu protégez-nous", a envoyé à un correspondant de l'AFP, dans un message WhatsApp, l'un des journalistes captifs. Des plaintes sont audibles en bruit de fond. Au milieu des coups de feu, la diffusion de ces images surréalistes se poursuit en direct pendant de longues minutes, malgré l'extinction des lumières sur le plateau et la caméra qui se fige. Jusqu'à l'intervention de la police aux cris de "Police, police".
"Les unités de la police nationale (...) ont été alertées de cet acte criminel et sont déjà sur les lieux", a déclaré la police dans un message à la presse. Avec ce nouvel incident retentissant, dont on ignore encore le bilan, culmine une crise sécuritaire que rien ne semble pouvoir endiguer, après trois jours marqués par l'évasion d'un dangereux chef de gang, des mutineries en cascade dans les prisons, la proclamation de l'état d'urgence et l'enlèvement de policiers notamment.
"Ce sont des jours extrêmement difficiles", l'exécutif ayant pris "la décision importante de lutter de front contre ces menaces terroristes", a commenté mardi le secrétaire à la communication de la présidence, Roberto Izurieta. La crise a débuté dimanche avec la spectaculaire évasion d'Adolfo Macias, alias "Fito", 44 ans, le chef des "Choneros". Un gang d'environ 8.000 hommes, selon les experts, devenu le principal acteur du trafic de drogue florissant en Équateur. .
Son évasion a été suivie de plusieurs mutineries et prises en otage de gardiens dans diverses prisons, le tout relayé par d'effrayantes vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrant les captifs menacés par les couteaux de détenus masqués. Le plus jeune président de l'histoire de l'Équateur, le président Noboa, 36 ans, a décrété lundi l'état d'urgence pendant 60 jours dans l'ensemble de l'Équateur. L'armée est ainsi autorisée à assurer le maintien de l'ordre dans les rues (avec un couvre-feu nocturne) et les prisons.
Avec manifestement peu d'effets jusqu'à présent: sept policiers ont été enlevés dans la nuit de lundi à mardi. Des explosions ont également été signalées dans une attaque contre un commissariat de police, le domicile du président de la Cour nationale et des véhicules ont été incendiés. La presse locale a évoqué une "nuit de terreur" et un "État failli".
Au moins dix morts
Les violences liées aux gangs de narcotrafiquants en Equateur, déclaré en état de "conflit armé interne" par le président Daniel Noboa, ont fait au moins 10 morts, dont deux policiers, selon un premier bilan, a annoncé mardi soir la police.
Huit morts et trois blessés ont été recensés dans la ville portuaire de Guayaquil (sud-ouest), fief des gangs de narcotrafiquants, a déclaré un chef de la police locale lors d'une conférence de presse. La police a indiqué sur le réseau social X que deux agents avaient également été "vicieusement assassinés par des criminels armés" dans la ville voisine de Nobol.