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Une Gay Pride marquée de solennité à Jérusalem, sur fond de guerre à Gaza

Les arcs-en-ciel et les rubans jaunes se sont mêlés jeudi lors de la Marche des fiertés à Jérusalem, où les participants ont défendu les droits des homosexuels mais réclamé aussi la libération des otages détenus à Gaza, dans une ambiance moins festive que d'habitude.

En tête de la marche, qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes, des proches des otages et l'ambassadeur de France en Israël, Frédéric Journès, portaient une banderole sur laquelle était écrit "Born to be free" (Né pour être libre, en anglais), arborant les couleurs de l'arc-en-ciel LGBTQ et un ruban jaune, symbole du soutien aux familles d'otages.

"C'est plus triste que d'habitude", a confié à l'AFP Shlomo Gedzel, un étudiant en biologie de 23 ans.

"Ça ne ressemble pas à une fête, il n'y a pas de musique, il y a des pancartes pour les otages partout et les gens sont généralement plus déprimés", a-t-il noté.

"Tout le monde (libre) maintenant!" et "Nous sommes là, nous sommes partout!", scandaient les manifestants.

Omniprésent à Jérusalem depuis bientôt huit mois, le thème de la guerre s'est invité jusque dans les slogans pour les droits LGBTQ.

A côté d'une banderole prônant "Paix, Egalité, Liberté", certains portaient des T-shirts aux couleurs du drapeau arc-en-ciel frappé du mot "MAINTENANT" évoquant la libération des otages.

"Nous voulons être égaux sans être morts!", ont-ils aussi scandé. Ils faisaient référence à un amendement adopté en novembre, autorisant les conjoints des soldats tués au combat à recevoir une allocation de veuvage, ce qui était auparavant impossible pour les partenaires LGBTQ qui ne peuvent pas se marier en Israël, bien que les mariages contractés à l'étranger soient reconnus.

Le slogan rappelle le sort du soldat Sagi Golan, tué le 7 octobre lors de l'attaque sans précédent menée par le mouvement islamiste Hamas contre Israël, qui a déclenché la guerre.

L'attaque a entraîné la mort de plus de 1.189 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte réalisé par l'AFP à partir des derniers chiffres officiels disponibles.

Sagi Golan est mort en luttant contre des combattants du Hamas une semaine avant la célébration prévue de son "mariage".

Son mari, Omer Ohana, n'a pas été initialement reconnu comme veuf en raison de leur statut de célibataires, bien qu'ils aient vécu ensemble depuis six ans.

Sur les 252 personnes emmenées comme otages pendant l'attaque, 121 sont toujours retenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l'armée.

La riposte israélienne a fait jusqu'à présent 36.171 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé de l'administration du Hamas.

- "Pas de fierté dans la guerre" -

Lors de la Gay Pride à Jérusalem, le père de Sagi Golan, Gilad, a déclaré à l'AFP que Sagi et Omer n'avaient ressenti aucune discrimination pendant les dix années qu'a duré leur relation, jusqu'à la mort de Sagi.

Omer s'est battu pour l'amendement et a gagné, et "maintenant il y a l'égalité après la mort. Nous voulons l'égalité dans la vie", a affirmé Gilad.

Nombre de participants étaient vêtus de noir et brandissaient des banderoles clamant "Pas de fierté dans la guerre", et encore "Il y a des gays à Gaza".

Yasha Marmer, 38 ans, portait une pancarte avec l'inscription: "Personne n'est libre tant que tout le monde ne l'est", un vieux slogan qui, selon lui, prend une signification particulière dans le contexte de la guerre à Gaza.

"Nous sommes également ici pour exiger un accord d'échange de tous les otages dans le cadre d'un cessez-le-feu global immédiat", a-t-il affirmé, ajoutant que les Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes devraient également être libérés.

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