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L'armée israélienne a mené dimanche de nouvelles frappes meurtrières sur la bande de Gaza, les perspectives de trêve avec le mouvement palestinien Hamas s'éloignant plus de quatre mois après le début de la guerre.
Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont menacé de bloquer un nouveau projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU exigeant "un cessez-le-feu humanitaire immédiat", alors que les bombardements israéliens ont fait 28.985 morts en grande majorité des civils dans le territoire palestinien depuis le 7 octobre, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Ce jour-là, des commandos du mouvement islamiste palestinien infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque d'une violence sans précédent contre Israël, durant laquelle plus de 1.160 personnes ont été tuées en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
Jurant de détruire le Hamas, Israël a en riposte soumis le territoire de 362 km2 où s'entassent 2,4 millions de Palestiniens, à un déluge de feu avant de lancer une offensive terrestre le 27 octobre qui a permis à ses soldats d'avancer du nord vers le sud de la bande de Gaza. Outre le lourd bilan humain, les destructions sont colossales et la crise humanitaire catastrophique selon l'ONU.
Malgré les pressions, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu reste déterminé à poursuivre la guerre contre le Hamas, qu'il classe comme terroriste, à l'instar des Etats-Unis et de l'Union européenne.
Prochain objectif: la ville de Rafah, adossée à la frontière fermée de l'Egypte, qui abrite 1,4 million de personnes, la plupart des déplacés vivant dans des conditions très dures.
"Quiconque veut nous empêcher de mener une opération à Rafah nous dit en fait de perdre la guerre. Je ne vais pas céder à cela", a-t-il dit samedi, avant de réaffirmer dimanche viser "une victoire totale" contre le Hamas.
- "Film d'horreur" -
Ces dernières 24 heures, Rafah et la ville de Khan Younès, situées dans le sud de la bande de Gaza et distantes de quelques kilomètres, ainsi que d'autres secteurs du territoire palestinien ont été la cible de bombardements israéliens qui ont fait 127 morts, a indiqué dimanche le ministère de la Santé du Hamas.
Appuyés par l'armée de l'air, les soldats israéliens concentrent depuis des semaines leurs opérations au sol à Khan Younès, ville natale du chef du Hamas à Gaza, Yahia Sinouar, cerveau présumé de l'attaque du 7 octobre.
A l'hôpital Nasser de Khan Younès, sept malades dont un enfant sont morts depuis vendredi à cause de coupures d'électricité, et "70 membres du personnel médical dont des médecins des soins intensifs" ont été arrêtés, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Les soldats ont pénétré jeudi dans l'hôpital sur la base de renseignements selon lesquels des otages y sont retenus et ont arrêté une centaine de personnes.
Ils ont trouvé "des cartons de médicaments (envoyés par Israël) avec les noms d'otages israéliens. Les boîtes de médicaments étaient fermées", a indiqué l'armée.
Un médecin de l'hôpital, Ahmad Moghrabi, a raconté à l'AFP avoir fui avec sa famille, des patients et des membres du personnel médical après l'assaut israélien.
"Avec ma famille, on a marché 10 km dans la nuit et le froid. Il ne reste rien à Khan Younès. Rien. On se croirait dans un film d'horreur. Il n'y a plus de rues, plus de bâtiments, seulement des cadavres partout", a-t-il dit.
- Nouveau veto? -
Face à cette guerre dévastatrice qui a déplacé 1,7 million d'habitants, l'Algérie a demandé un vote mardi sur un projet de résolution du Conseil de sécurité. Le texte appelle à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat", "refuse le déplacement forcé de la population civile palestinienne" et demande la libération de tous les otages.
Durant l'attaque du 7 octobre, environ 250 personnes avaient été enlevées et emmenées à Gaza. Selon Israël, 130 otages y sont encore retenus, dont 30 seraient morts. Fin novembre, une trêve d'une semaine avait permis la libération de 105 otages en échange de 240 prisonniers palestiniens.
Les Etats-Unis ont menacé de mettre leur veto au texte algérien, disant qu'un vote pourrait "aller à l'encontre" des négociations impliquant les médiateurs égyptien, américain et qatari en vue d'une trêve et d'une libération d'otages.
Pourtant, le Premier ministre du Qatar Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani a affirmé samedi que ces pourparlers n'étaient "pas très prometteurs".
Mais M. Netanyahu a exhorté dimanche "le Qatar à faire pression sur le Hamas car nous voulons que nos otages soient libérés".
- Guerre des mots -
Dans une attaque virulente contre Israël, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a déclaré que "ce qui se passe à Gaza n'est pas une guerre, c'est un génocide", en comparant l'offensive israélienne à l'extermination des Juifs par les nazis.
Le président brésilien "a déshonoré la mémoire des six millions de Juifs assassinés par les nazis (...) Il devrait avoir honte", a rétorqué Benjamin Netanyahu.
M. Lula a aussi réitéré son appel à un règlement du conflit israélo-palestinien vieux de plusieurs décennies sur la base de deux Etats, israélien et palestinien, comme le préconise une grande partie de la communauté internationale.
Mais le gouvernement Netanyahu a estimé qu'une "reconnaissance d'un Etat palestinien après le massacre du 7 octobre constituerait une immense récompense au terrorisme".
Alors que l'aide humanitaire entre au compte-gouttes dans la bande de Gaza assiégée, des manifestants israéliens ont empêché des camions d'aides venant d'Egypte en route vers Rafah de passer par le point de passage de Nizzana dans le sud d'Israël, selon le Croissant-Rouge palestinien.