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Le ministre chinois de la Défense Dong Jun a déclaré vendredi que les "négociations" sont la seule solution aux guerres à Gaza et en Ukraine, devant une assemblée de responsables militaires du monde entier à Pékin.
Des militaires de haut niveau de Russie, de Birmanie, du Pakistan, de Singapour, d'Iran et d'Allemagne font partie des plus de 500 délégués présents à Pékin pour le Forum de Xiangshan sur la sécurité. Ce forum est considéré comme le pendant chinois du colloque annuel Shangri-La de Singapour, organisé au printemps et auquel Pékin participe également.
Le Forum de Xiangshan, qui doit durer trois jours, intervient alors que Pékin se présente de plus en plus comme un médiateur dans les conflits mondiaux, notamment en dépêchant des envoyés au Moyen-Orient, en négociant un cessez-le-feu temporaire dans le nord de la Birmanie et l'année dernière, en facilitant un rapprochement historique entre l'Arabie saoudite et l'Iran.
Sur l’Ukraine et Israël-Palestine, la Chine veut se présenter comme un acteur plus neutre que les États-Unis.
"Pour résoudre les questions sensibles comme la crise en Ukraine et le conflit israélo-palestinien, la promotion de la paix et des négociations est la seule solution", a déclaré M. Dong lors de la cérémonie d'ouverture.
"Il n'y a jamais de vainqueur dans les guerres et les conflits, la confrontation ne mène nulle part", a-t-il poursuivi. "Plus le conflit est grave, plus il est important de ne pas abandonner le dialogue et les consultations. Seule la réconciliation peut mettre fin à un conflit".
M. Dong a appelé tous les pays du monde à promouvoir "un développement pacifique et une gouvernance inclusive".
Les sujets de discussion porteront sur les relations entre les Etats-Unis et la Chine, la sécurité en Europe et en Asie, ainsi que les défis de la défense dans un monde multipolaire.
Dans son discours, M. Dong a aussi dénoncé "la prolifération des concepts de sécurité nationale" et demandé à ce que "les nouvelles technologies puissent mieux bénéficier à l'humanité entière", faisant vraisemblablement référence aux tentatives des Etats-Unis pour bloquer l'accès de Pékin aux technologies avancées.
"À une époque de risques élevés pour la sécurité mondiale et d'instabilité et d'imprévisibilité accrues, la responsabilité du renforcement des capacités de défense et de sécurité de tous les pays est énorme", a-t-il déclaré.
Pékin, a-t-il ajouté, "est disposé à travailler avec toutes les parties pour approfondir les consultations en matière de défense et discuter de la signature d'accords bilatéraux et multilatéraux sur la coopération en matière de défense".
- Points de friction -
Le secrétaire adjoint américain à la Défense, Michael Chase, participe à ce forum, quelques jours seulement après des entretiens entre de hauts gradés de Washington et de Pékin.
Interrogé par l'AFP durant ce Forum, ce dernier s'est refusé à tout commentaire.
Les deux grandes puissances sont toujours en désaccord notamment sur le statut de l'île de Taïwan et sur l'approche jugée de plus en plus agressive de Pékin en mer de Chine méridionale.
La Chine et le Etats-Unis cherchent cependant à rétablir des discussions régulières entre les deux armées afin d'éviter que des divergences ne dégénèrent en conflit incontrôlable.
En mer de Chine méridionale, des navires chinois se sont livrés à une série de confrontations très médiatisées avec des navires philippins au cours des derniers mois, tandis que les forces navales américaines ont procédé à des manœuvres aux côtés de celles de Manille.
La Chine revendique une grande partie des eaux de mer de Chine , et ce, malgré les revendications d'autres pays de la région et l'interprétation d'un tribunal international qui estime que cette affirmation ne repose sur aucune base juridique.
En marge du forum jeudi, un haut responsable chinois, He Lei, a martelé que la Chine "écrasera" toute intrusion sur son territoire, dont la mer de Chine méridionale.
S'exprimant vendredi lors d'un panel de discussion, il a accusé les Etats-Unis d'avoir "peur que quelqu'un d'autre les remplace" en tant que superpuissance mondiale.
"La Chine n'a absolument pas l'ambition folle de les remplacer dans la domination du monde", a-t-il ajouté.
"Le développement de la Chine ne vise en aucun cas à surpasser ou à remplacer qui que ce soit", a-t-il déclaré.