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Notre spécialiste analyse le duel Trump-Harris: "Une image inversée du débat avec Joe Biden, elle rayonne et il a l’air… vieux"

Sebastien Rosenfeld, notre référent RTL Info pour les États-Unis, a regardé et analysé le débat entre Kamala Harris et Donald Trump hier soir. 

Les deux candidats à la Maison Blanche se sont écharpés pendant 1h30 en direct hier soir. C'était la première fois qu'ils débattaient ensemble. Le débat a été très tendu, mais sans grande surprise finalement, chacun est resté campé sur ses positions. Finalement, est-ce qu'il y a un gagnant et un perdant ? 

On peut en tout cas dire que Kamal Harris réussit son pari, celui de montrer qu'elle pouvait être une vraie présidente, une commandante capable de prendre des décisions et de diriger les États-Unis. Dès le début de ce débat, elle a montré qu'elle avait la poigne pour le faire. D'ailleurs, lorsqu'elle arrive, elle se dirige vers  Donald Trump et lui tend la main en se présentant :"Kamala Harris". Il lui répond : "Enchanté, amusez-vous bien". Mais loin de la désarçonner, on se rend compte qu'il a déjà en partie perdu. D'ailleurs, durant tout ce débat, c'est aussi un duel d'images. On a d'un côté un Donald Trump qui semble sous tranquillisants, qui ne bouge pas beaucoup, qui a le sourire un peu crispé, qui refuse de voir Kamala Harris. Et puis, de l'autre, on a une personne qui défend ses arguments, qui regarde son adversaire. On a d'un côté un homme un peu vieux, avec des cheveux gris et de l'autre, une personne combattante. "On a complètement une image inversée du débat avec Joe Biden : cette fois, c'est Kamala Harris qui rayonne et lui qui apparaît comme un homme vieux", lance notre expert. 

33 fake news

Les fake news ont marqué les esprits lors de ce débat. Donald Trump en a utilisé 33... 33 fausses informations, dont celle sur les migrants qui mangent les chats et chiens des Américains. Une déclaration interpellante de Donald Trump, mais finalement, le Républicain utilise toujours la même stratégie pour choquer. 

Il sait que cela fonctionne, ce sont des arguments qu'il utilise régulièrement en campagne, et cela fonctionne. Il faut savoir que son public ne va pas vérifier ce que dit Donald Trump, ils le croient, c'est leur héros et Donald Trump reprend ces fausses nouvelles. Cette histoire de migrants qui mangent des chiens et des chats a été de maintes fois démentie par le maire de la ville qui avait confirmé que c'était complètement faux. Mais Donald Trump a continué avec cet argument, y compris durant ce débat. Et ce n'est pas la seule fake news qu'il a donnée : il a également parlé de l'avortement et il a été plus loin en sous-entendant que les démocrates voulaient que les femmes puissent avorter presqu'à terme. "Ils veulent l'avortement à 9 mois, ils veulent exécuter l'enfant", dit-il. Kamala Harris l'a regardé, horrifiée, en disant : "vous insultez les femmes", mais Donald Trump n'a peur de rien. 

Des électorats très différents

Cette nuit devant leur télévision, des millions d'Américains ont suivi le débat. Ces futurs électeurs sont très différents selon qu'ils soient dans le camp démocrate ou républicain. C'est d'ailleurs pour cela que Trump et Harris ont adopté une attitude opposée : ils n'ont pas le même électorat.

Lors de ce débat, chaque candidat a sa stratégie pour convaincre les électeurs. Kamala Harris se veut au-dessus de la mêlée. "Je veux être la présidente du peuple américain, pas d’un camp", dit-elle. Elle défend ses valeurs, comme le droit à l’avortement, mais veut aussi séduire les Républicains qui ne veulent plus de Donald Trump. Elle cite d’ailleurs dans ses partisans, l’ancien vice-président républicain Dick Cheney ou des anciens généraux de Donald Trump qui considèrent que l’ancien président est un danger. Elle tente aussi de séduire les indécis dans les états clé comme la Pennsylvanie en évoquant les racines polonaises des habitants et rappelant l’importance de combattre la Russie qui menace l’Europe.  

À l’inverse, Donald Trump ne s’intéresse qu’à son électorat. Durant ce débat, il veut rassurer sa base. Il n’a pas changé : il défend l’Amérique des armes, qui refuse le droit à l’avortement et défend une Amérique forte qui fait peur à ses ennemis. Il vise aussi ses électeurs complotistes et adeptes des vérités alternatives pour les convaincre de se mobiliser pour lui. Car certains ne votent pas du coup, car ils refusent, disent-ils, "le système". Mais Donald Trump compte sur cette réserve de voix. En résumé. Donald Trump veut rassurer son électorat alors que Kamala Harris veut présider. 

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