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"Les graines du figuier sauvage", film symbole deux ans après la révolte en Iran

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LOIC VENANCE

Deux ans après la mort de Mahsa Amini, jeune Kurde iranienne arrêtée par la police des moeurs, la sortie mercredi du film "Les graines du figuier sauvage" tourné en clandestinité en Iran est tout un symbole.

Le film a été l'un des chocs du dernier Festival de Cannes et est reparti avec un prix spécial du jury.

Pour sauver sa peau, le réalisateur Mohammad Rasoulof a dû fuir l'Iran secrètement après avoir tourné ce thriller paranoïaque sur un enquêteur en pleine répression du mouvement "Femme, vie, liberté".

On y suit Iman, un enquêteur au service du régime iranien, qui va être promu juge d'instruction, alors que la révolte gronde après la mort de Mahsa Amini, arrêtée fin 2022 pour ne pas avoir respecté le strict code vestimentaire islamique.

Sommé de signer des ordres d'exécution de manifestants arrêtés, il choisit sa conscience plutôt que sa carrière.

Rezvan et Sana, ses deux filles, suivent depuis la maison les soubresauts de la jeunesse, obéissant à leur père tout en aidant en cachette leurs camarades. Leur mère, Najmeh, épouse soumise à son mari, tente de maintenir un pont entre eux.

Mais la pression augmente sur le régime. Les juges, comme Iman, redoublent de paranoïa envers les jeunes. On lui confie une arme pour se protéger. Quand le pistolet disparaît de sa table de nuit, le poison du soupçon s'immisce dans la famille et finit par la faire exploser.

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Valery HACHE

Au-delà du thriller, le film est une radiographie d'une société iranienne écrasée sous le poids de la religion et d'une répression qui ne cesse de croître. C'est un plaidoyer pour la liberté et un hommage au mouvement "Femme, vie, liberté", qui a secoué l'Iran après la mort de Mahsa Amini.

Le cinéaste a d'ailleurs entremêlé son film de nombreuses images amateurs et issues des réseaux sociaux montrant les rassemblements d'étudiantes et d'étudiants, les femmes brûlant leur foulard en public, et les brutalités policières.

Indissociable de ses conditions de fabrication, le film est aussi un tour de force à la réalisation brillante, avec même une scène de course-poursuite en voiture, tournée avec les moyens du bord.

Setareh Maleki, qui joue l'une des filles d'Iman, a raconté à Cannes qu'elle ne connaissait pas d'emblée l'identité du réalisateur. "Je suis un peu folle, donc choisir ce rôle n'était pas un problème pour moi", a-t-elle déclaré.

"J'étais la première ou la deuxième personne à rejoindre l'équipe et pendant des mois, les gens ne m'ont pas dit qui était le réalisateur afin de garantir la sécurité du film", a-t-elle raconté. "Mais j'ai deviné que c'était Mohammad Rasoulof. Qui d'autre aurait ce courage ?".

Même restreinte, l'équipe a mis des mois à être réunie et a dû travailler discrètement pour contourner la censure.

Le titre du film s'inspire d'une variété de figuiers, dont les graines sont digérées par les oiseaux, avant d'être rejetées dans leurs déjections sur d'autres arbres.

Lorsqu'elles germent, leurs branches enlacent jusqu'à l'étrangler l'arbre sur lequel elles se fixent, permettant au nouveau figuier de se fixer et de croître, libéré.

Une métaphore transparente des espoirs des dissidents iraniens.

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