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La commission d'enquête parlementaire sur l'assaut du Capitole en janvier 2021 recommande que des poursuites pénales soient lancées contre l'ex-président Donald Trump, notamment pour appel à l'insurrection et complot à l'encontre de l'Etat américain.
Donald Trump a dénoncé lundi des "poursuites bidon" recommandées quelques heures plus tôt par la commission d'enquête parlementaire sur l'assaut du Capitole, dans ce qu'il dénonce comme une manœuvre cherchant à empêcher sa candidature pour 2024.
"Toutes ces histoires, visant à me poursuivre, sont comme le procès en destitution, une tentative partisane de m'écarter, moi et le parti républicain" dans la course à la Maison Blanche, a-t-il déclaré sur son réseau Truth Social.
La commission n'a pas d'autorité pour engager ces poursuites pénales elle-même et ne peut qu'émettre une recommandation au ministère américain de la Justice, seul habilité à inculper le cas échéant l'ancien président américain.
Serge Jaumain, professeur à l'ULB et spécialiste des Etats-Unis, explique que l'on se trouve dans une situation "tout à fait exceptionnelle". "On n'a jamais eu un ancien président accusé d'avoir fomenté une sorte de coup d'état contre les institutions américaines." Le professeur précise que ce que vient de faire la commission est en fait une recommandation au ministre de la Justice et c'est lui qui va devoir décider si il entame ou non des procédures.
"L'ensemble des éléments du rapport qui est très lourd qui va être remis au ministre de la Justice est très grave, mais la particularité est que le ministre a le choix d'entamer une procédure ou pas", détaille Serge Jaumain.
Pourquoi ne l'entamerait-il pas? "Essentiellement, parce qu'il y a un risque politique assez considérable. Bien entendu, Donald Trump va expliquer que si on entame cette procédure c'est parce qu'on veut l'empêcher d'être réélu. Et donc, il risque d'y avoir une mobilisation très forte autour de Donald Trump qui garde pas mal de partisans. Donc le ministre va devoir évaluer ces risques politiques au-delà de la procédure judiciaire".
"On peut dire que le vent tourne depuis un moment. On voit qu'il y a de plus en plus de personnes qui le lâchent au sein du parti républicain, mais aussi au niveau des grands donateurs du parti républicain", dit-il avant d'ajouter que "les sondages montrent que bien entendu, il a une base qui continue à le soutenir envers et contre tout."
Mais malgré cela, il y a des tensions de plus en plus fortes dans le parti républicain, explique l'historien. "On a vu que les élections de mid-terms ont été un mauvais moment pour les républicains et de ce fait Donald Trump est en perte de vitesse et ceci n'est qu'un élément supplémentaire dans la chute qui est en cours."
Pour rappel, le 6 janvier 2021, des partisans de l'ancien président Trump, affirmant - à tort - comme lui que la présidentielle de 2020 lui avait été "volée" par Joe Biden, avaient violemment attaqué le siège du Congrès à Washington pour stopper la certification des résultats, faisant trembler la démocratie américaine.