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L'armée israélienne a annoncé mardi avoir sauvé un otage israélien dans la bande de Gaza, où elle a mené de nouvelles frappes meurtrières et multiplié les ordres d'évacuations, aggravant selon l'ONU la catastrophe humanitaire en cours dans le territoire assiégé.
Lors d'"une opération complexe" dans le sud de Gaza, l'otage Kaid Farhan Alkadi, 52 ans, qui avait "été enlevé par l'organisation terroriste Hamas et emmené dans la bande de Gaza le 7 octobre", a été "sauvé", a déclaré l'armée.
Ce jour-là, le Hamas a mené une attaque d'une ampleur inédite sur le sol israélien, au cours de laquelle plus de 200 personnes ont été enlevées. En riposte, Israël a juré d'anéantir le mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007 et a lancé une vaste offensive militaire qui a dévasté le territoire palestinien.
Mardi, sept personnes, dont au moins trois enfants d'une même fratrie, ont péri dans une frappe israélienne sur le camp de réfugiés d'al-Maghazi (centre), d'après les secours. Quatre sont mortes dans un bombardement à Khan Younès (sud) et quatre autres, trois enfants et leur mère, dans une frappe sur la ville de Gaza (nord), selon la Défense civile.
Plus de dix mois de guerre ont provoqué un désastre humanitaire et déplacé la plupart des 2,4 millions de Palestiniens.
Un nouvel ordre d'évacuation de l'armée de plusieurs zones de Deir el-Balah (centre) "remet en cause tout un centre humanitaire mis en place" dans la ville, a déploré le bureau des affaires humanitaires de l'ONU.
Les pays médiateurs entre Israël et le Hamas, le Qatar, l'Egypte et les Etats-Unis, tentent d'arracher un cessez-le-feu assorti de la libération d'otages en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Un nouveau cycle de négociations a débuté jeudi au Caire et se poursuit à Doha, a indiqué mardi un responsable américain. Brett McGurk, coordinateur de la Maison Blanche pour le Moyen-Orient, se trouve actuellement sur place.
- "Evaluation continue" -
Jusqu'ici, une seule trêve d'une semaine a eu lieu fin novembre. Elle avait notamment permis la libération d'une centaine d'otages.
La libération de Kaid Farhan Alkadi, originaire de Rahat, une ville bédouine du désert du Néguev, porte à huit le nombre des otages sauvés par l'armée israélienne depuis le début de sa campagne militaire à Gaza le 27 octobre.
Il a été retrouvé dans un tunnel souterrain "où l'on soupçonnait la présence d'otages", a déclaré l'armée, précisant qu'il était seul au moment où leurs troupes sont intervenues.
M. Alkadi "semble être en bonne condition" de santé et il fait "l'objet d'une évaluation continue", a déclaré à l'AFP Shlomi Kodesh, docteur à l'hôpital Soroka de Beersheva (sud) qui a accueilli l'ex-otage.
"J'espère que tout le monde peut partager ce bonheur", a dit Jomaa, son frère, à des journalistes. "Après presque onze mois" de guerre, "nous n'aurions jamais pu imaginer" recevoir la nouvelle de sa libération, a-t-il ajouté.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s'est entretenu au téléphone avec M. Alkadi. Selon son bureau, il a précisé qu'Israël menait de front "des négociations et des opérations de sauvetage" afin de libérer tous les otages.
"Les autres otages ne peuvent pas se permettre d'attendre (...), un accord négocié est le seul moyen d'avancer", a plaidé le Forum des familles des otages.
Israël et le Hamas, qui ne participe pas aux négociations en cours, se rejettent la responsabilité de l'échec d'un accord.
- "Crimes de guerre" -
L'attaque des commandos du Hamas sur le sol israélien a entraîné la mort de 1.199 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes. Sur 251 personnes alors enlevées, 104 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.
La riposte d'Israël, qui considère le Hamas comme terroriste, de même que les Etats-Unis et l'Union européenne, a fait 40.476 morts dans le territoire palestinien, selon le ministère de la Santé du gouvernement du mouvement islamiste qui ne détaille pas le nombre de civils et combattants tués.
D'après l'ONU, la plupart des morts sont des femmes et des mineurs.
Mardi, Amnesty International a appelé à une enquête pour "crimes de guerre" concernant deux attaques menées en mai dans le sud de Gaza contre des combattants palestiniens, affirmant qu'Israël n'avait "pas pris toutes les précautions envisageables pour éviter (...) de causer des dommages aux civils".
La guerre a aussi provoqué des tensions dans la région.
Dimanche, sur la frontière nord d'Israël, l'armée israélienne a annoncé avoir déjoué une "bonne partie" d'une vaste attaque du Hezbollah libanais, un allié du Hamas.
Le mouvement islamiste pro-iranien avait menacé Israël d'une riposte après la mort d'un de ses chefs militaires, Fouad Chokr, tué le 30 juillet dans une frappe israélienne près de Beyrouth.
L'Iran et ses alliés régionaux ont aussi juré de riposter à l'assassinat imputé à Israël du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, à Téhéran le 31 juillet.