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L'alpiniste népalaise Phunjo Lama, qui a battu jeudi le record de l'ascension de l'Everest la plus rapide par une femme, a assuré dimanche qu'elle ne courait pas après les records mais voulait montrer le talent des guides de son pays.
Cette sauveteuse de haute montagne, spécialisée dans les interventions en hélicoptère, a battu de plus de onze heures le précédent record, qu'elle détenait depuis 2021, en parvenant sur le toit du monde en 14 heures et 31 minutes.
Des générations de Népalais, en particulier au sein de la fameuse communauté des Sherpas, ont escaladé l'Himalaya, mais la tradition voulait que leurs femmes et leurs filles restent dans les vallées.
Mais les temps changent : de plus en plus de Népalaises deviennent alpinistes et battent des records.
"Je ne sais pas si mon exemple suscitera des vocations" a dit Phunjo Lama, 32 ans. "Mais ce que je veux dire, c'est que si nous poursuivons dans cette voie, il y aura beaucoup d'opportunités pour les femmes".
Elle était de retour au camp de base seulement 24 heures et 26 minutes après avoir atteint le sommet. Son but: démontrer le talent des guides népalais.
"Je ne cours pas après les records" a-t-elle confié à l'AFP à son retour à Katmandou. "En tant que guide, je me disais : +Que pouvons-nous faire pour montrer (ce talent) au reste du monde ?+ Nous pouvons montrer que nous avons des guides talentueux, afin de faire venir des alpinistes étrangers".
Elle avait déjà battu le record de cette ascension en 2018, en 39 heures et six minutes. Ce temps a été battu en 2021 par la Hong-kongaise Ada Tsang Yin-hung, en 25 heures et 50 minutes.
"J'ai été très heureuse d'atteindre le sommet", dit-elle. "Lors de ma tentative précédente, j'ai eu des problèmes. Mais cette fois, tout s'est bien passé".
Son succès est intervenu le jour des festivités célébrant l'anniversaire de Bouddha.
"Je me sens bénie. J'ai été élevée dans la tradition bouddhiste et parvenir au sommet précisément ce jour-là était pour moi quelque chose de spécial", a-t-elle ajouté. "Pour moi, c'était un message de paix et de non-violence pour la terre entière".
Elle a grandi dans la vallée de Tsum, dans la région de Gorkha, une zone rurale et isolée où se trouve le Manaslu, huitième sommet au monde. Elle a passé son enfance à garder des yaks, avec son grand-père.
"Je suis née et j'ai grandi dans les montagnes, mais notre communauté n'était pas très impliquée dans l'alpinisme", explique-t-elle.
En 2014, elle a commencé à s'entrainer pour devenir sauveteuse en montagne. Deux ans plus tard, elle commençait à grimper, enchaînant des sommets comme le Manaslu ou le Cho Oyu, un autre géant de la région, avant de partir s'entraîner dans les Alpes suisses.
"Elle est très forte" assure à l'AFP son guide, Tendi Sherpa. "Le record qu'elle a établi est incroyable".
Le Népal a accordé plus de 900 permis pour des expéditions dans ses massifs cette année, dont 419 pour le seul Everest, ce qui a rapporté au pays plus de cinq millions de dollars. Huit des dix plus hauts sommets du monde se situent au Népal.