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Le Sénat kényan a lancé mercredi l'examen, inédit, de la destitution du vice-président Rigathi Gachagua, en conflit avec le président Ruto et accusé d'insubordination et de détournements de fonds.
La chambre haute du parlement avait sept jours pour se saisir de ce dossier, mais l'a placé à l'ordre du jour de sa session du jour, quelques heures à peine après un vote de l'Assemblée nationale.
Ces premiers débats au Sénat se sont clos à la mi-journée et se poursuivront les 16 et 17 octobre, a annoncé le président du Sénat, Amason Jeffah Kingi. Un vote suivra, où 45 voix (sur 68) seront nécessaires pour que le texte soit adopté.
Cette procédure contre le n°2 de l'Etat, initiée le 1er octobre par un député de la coalition présidentielle (Kenya Kwanza), est l'apogée de plusieurs mois de conflit entre le président William Ruto et son adjoint, au pouvoir depuis leur victoire à la présidentielle d'août 2022.
Mardi soir, les députés avaient approuvé, par 282 voix sur 349, une motion demandant la destitution de M. Gachagua sur la base de onze motifs dont ceux d'"atteinte à l'unité nationale", d'"insubordination" envers le président ainsi que de nombreuses suspicions de "crimes économiques" (détournements de fonds publics, conflits d'intérêts, abus de pouvoir...).
Rigathi Gachagua, 59 ans, clame son innocence et a promis lors d'une conférence de presse lundi de se battre "jusqu'au bout", y compris en justice, contre cette procédure qu'il a qualifiée de "pure propagande" et de "complot visant à (le) chasser du pouvoir", avec l'approbation du chef de l'Etat.
Il a exclu de démissionner, une option qui lui permettrait d'éviter une destitution synonyme de non-éligibilité à vie à toute fonction publique.
En cas d'adoption, il deviendrait le premier vice-président écarté du pouvoir dans le cadre d'une telle procédure, instaurée dans la Constitution de 2010.