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La victoire de Donald Trump est incontestable, mais surprenante à plus d'un titre. Alors qu'on annonçait un match très serré, ce ne fut pas le cas.
C'est une véritable vague qui a porté le candidat républicain. Son populisme a convaincu dans 90% des comtés américains où il a progressé dans pratiquement toutes les couches de la société. Or, cette vague, ni les démocrates, ni les journalistes, ni les sondeurs ne l'ont vu arriver
Lors de son ultime meeting de campagne, Kamala Harris a déclaré "Donald Trump, ce n'est pas ce que nous sommes, ce n'est pas l'Amérique".
Le démenti est cinglant: Trump, c'est l'Amérique, et pas seulement une Amérique de petits blancs frustrés, redneck, nostalgique de l'American way of life des années 50. Donald Trump a progressé partout. Certes, il conserve son socle d'hommes blancs ruraux, peu éduqués, mais il a réalisé des scores étonnants chez les latinos (45% d'entre eux ont voté pour lui), chez les afro-américains, chez les jeunes, chez les retraités, les habitants des grandes villes et des banlieues.
La seule catégorie où il a reculé par rapport à 2020, c'est celle des femmes blanches, urbaines et diplômées. Le vote massif des femmes en faveur de Kamala Harris n'a pas eu lieu.
Dans certains États où se tenait un référendum sur la limitation de l'avortement, de nombreuses femmes ont voté contre cette limitation, mais aussi pour Trump.
Les outrances du républicain et même les poursuites judiciaires dont il fait l'objet n'ont eu qu'une influence secondaire. Il a pu surfer sur sa notoriété infiniment plus grande que celle de la candidate démocrate. 30 ans de présence médiatique comme homme d'affaires, animateur de télévision, puis président des États-Unis contre quelques semaines de campagne pour une vice-présidente quasi inconnue du grand public et qui restait dans l'ombre de Joe Biden pendant 4 ans.
Et puis surtout, et c'est l'essentiel, il y a les thèmes de campagne. Trump a su comprendre les priorités de presque tous les Américains. D'abord le pouvoir d'achat, ensuite la sécurité et l'immigration et non pas les priorités mises en avant par les démocrates: droits des femmes et des minorités, avortement, wokisme, justice, climat.
Sur l'économie, le bilan de Biden est bon (3% de croissance et 4% de chômeurs). Mais ces dernières années, les Américains ont été confrontés à l'inflation qu'ils ne connaissaient pas.
Les prix alimentaires et d'essence ont augmenté considérablement. Or, rares sont ceux qui scrutent les résultats de Wall Street, mais nombreux sont ceux qui vont chaque jour au supermarché ou à la station-service. Et le rêve américain, c'est aussi d'avoir du pouvoir d'achat pour s'acheter une maison, une troisième voiture pour le fils ou la fille quand ils atteignent 16 ans, l'âge du permis aux États-Unis.
Quant aux immigrés, ils sont perçus comme une menace sur le marché des emplois peu qualifiés et le niveau des salaires. Pour simplifier très, très sommairement, disons que hier, ce fut la victoire du portefeuille, du flingue et des frontières.