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Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a annoncé jeudi à Ankara son intention de se rendre dans le territoire en guerre de Gaza, dominé par le mouvement rival du Hamas et verrouillé depuis le 7 octobre.
"J'ai décidé de me rendre à Gaza avec d'autres dirigeants frères palestiniens", a déclaré le président du Fatah devant les députés turcs qui l'ont acclamé debout. "J'irai. Même si cela doit me coûter la vie. Notre vie ne vaut pas plus que celle d'un enfant. La victoire ou le martyre", a-t-il martelé, après dix-sept ans d'absence et alors que nul n'a pu pénétrer dans le territoire palestinien isolé depuis le début de la guerre, hormis quelques travailleurs humanitaires. "Gaza nous appartient et nous n'accepterons aucune proposition visant à la diviser", a prévenu M. Abbas, qui a ajouté vouloir se rendre ensuite "à Jérusalem, notre capitale éternelle".
Le territoire palestinien de Gaza, soumis à d'intenses bombardements israéliens en représailles aux massacres du Hamas le 7 octobre en Israël, est depuis 2006 sous le contrôle du mouvement islamiste, rival du Fatah de M. Abbas.
Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a annoncé jeudi un nouveau bilan de plus de 40.000 morts dans le territoire de Gaza après dix mois de conflit.
Mahmoud Abbas, qui réside à Ramallah, en Cisjordanie, est arrivé à Ankara mercredi à l'invitation des autorités turques.
"Immense désastre"
Il a été convié à s'adresser au parlement à Ankara qui entendait ainsi répondre à l'invitation faite par le Congrès américain au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. "Je viens devant vous porteur d'un message de la part de mon peuple qui subit un immense désastre" a entamé M. Abbas devant les députés turcs et un portrait du chef politique du Hamas assassiné à Téhéran, Ismaïl Haniyeh, déposé couvert de roses au premier rang.
La visite de M. Abbas intervient dans un contexte de très fortes tensions, alors que sont ouvertes jeudi à Doha des discussions en vue d'une trêve à Gaza entre Israël et le Hamas.
Le président de l'Autorité palestinienne a remercié le chef de l'Etat turc pour le "soutien apporté au peuple palestinien".
Le président Recop Tayyip Erdogan, qui dénonce avec virulence un "génocide" en cours à Gaza et le soutien des pays occidentaux à Israël, l'a reçu mercredi soir dès son arrivée à Ankara, en provenance de Moscou, pour discuter d'un cessez-le-feu à Gaza, selon la présidence turque.
Durant cette réunion, il a une nouvelle fois critiqué le silence des pays occidentaux face à des morts toujours plus nombreux à Gaza, une situation "inacceptable", selon la présidence turque.
La guerre se déroule entre Israël et le Hamas à Gaza d'où il a été chassé en 2007. Mais elle suscite des remous dans les rangs du Fatah, le parti palestinien historique, plus que jamais incapable de peser sur le cours des évènements.
Au début de la guerre, l'International Crisis Group (ICG) avait estimé qu'il y avait peu d'espoir que l'Autorité palestinienne, déjà profondément impopulaire, puisse retourner à Gaza à la suite d'une invasion israélienne et ne soit pas "traitée comme un ennemi".
Le parti du président Mahmoud Abbas, au pouvoir au sein de l'Autorité palestinienne depuis sa création en 1994, donne l'impression d'assister en spectateur au conflit, au grand dam de la population palestinienne au sein de laquelle sa popularité semble au plus bas.