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Inde: un chef de l'opposition sort de prison, libéré sous caution par la la Cour suprême

Arvind Kejriwal, ministre en chef de Delhi et un des principaux opposants du Premier ministre, Narendra Modi, est sorti de prison sous les acclamations vendredi à New Delhi, libéré sous caution sur ordre de la Cour suprême indienne pour pouvoir participer aux élections législatives en cours.

"Nous devons sauver ce pays de la dictature", a lancé l'opposant à plus d'un millier de soutiens à sa sortie de la prison Tihar, dans la capitale indienne. M. Kejriwal avait été placé en détention en mars, mis en cause dans une affaire de criminalité financière.

Les juges Sanjiv Khanna et Dipankar Datta venaient de lui accorder la libération sous caution jusqu'au 1er juin, dernier jour d'un scrutin de six semaines, selon un journaliste de l'AFP présent au tribunal.

"Il ne fait aucun doute que de graves accusations ont été portées, mais il n'a pas été condamné", ont-ils indiqué dans leur jugement. "Il n'a aucun antécédent criminel. Il ne constitue pas une menace pour la société", y affirment-ils.

Des foules s'étaient immédiatement rassemblées devant le siège de l'Aam Aadmi (AAP, Parti de l'homme ordinaire) que M. Kejriwak a co-fondé en 2012 pour célébrer sa libération imminente, en distribuant des sucreries comme le veut la coutume.

- Cour suprême "à la rescousse" -

"La Cour suprême est venue à la rescousse de notre constitution et de notre démocratie confrontées à un assaut du BJP", a déclaré aux journalistes Atishi Marlena Singh, ministre dans le gouvernement de M. Kejriwal.

Sa libération était conditionnée à son engagement à ne faire aucune déclaration publique sur les accusations portées contre lui, à ne pas interagir avec les témoins de l'affaire et à ne pas visiter les bureaux du gouvernement de Delhi.

Près d'un milliard d'Indiens ont été appelés à prendre part au scrutin du 19 avril jusqu'au 1er juin, pour choisir un nouveau gouvernement, dans le plus grand exercice démocratique au monde.

Nombre d'analystes considèrent acquise la victoire de M. Modi, notamment en raison de la popularité de sa politique nationaliste hindoue, majorité religieuse du pays.

Arvind Kejriwal, 55 ans, est un des dirigeants de l'alliance d'opposition INDIA - avec Rahul Gandhi à la tête du parti du Congrès - formée pour rivaliser avec M. Modi dans ces élections.

Il avait été arrêté et placé en détention en mars le 21 mars par la principale agence indienne de lutte contre la criminalité financière.

- "S'en prendre aux opposants" -

Le gouvernement de M. Kejriwal est accusé d'avoir reçu des pots-de-vin dans le cadre de l'attribution de licences de vente d'alcool à des sociétés privées.

Mais selon ses partisans, l'arrestation de M. Kejriwal, qui nie les accusations dont il fait l'objet, vise à mettre sur la touche les opposants au Premier ministre.

L'un d'eux a qualifié cette affaire de "complot politique" orchestré par le parti nationaliste hindou au pouvoir Bharatiya Janata (BJP).

Des rassemblements de soutien à M. Kejriwal ont eu lieu dans de nombreuses grandes villes indiennes après son arrestation.

Ministre en chef de Delhi depuis près d'une décennie, il s'était affiché comme fervent défenseur de la lutte contre la corruption. Il avait résisté à plusieurs convocations pour être interrogé dans le cadre de l'enquête.

M. Kejriwal fait partie des nombreux dirigeants de l'opposition à faire l'objet d'une enquête criminelle.

A l'instar de Rahul Gandhi, 53 ans - dont le père, la grand-mère et l'arrière-grand-père ont tous été Premier ministre - qui a été brièvement écarté du Parlement l'an dernier après avoir été reconnu coupable de diffamation.

Il accuse le gouvernement d'un certain recul démocratique et fustige son soutien à la foi majoritaire de l'Inde, au détriment d'importantes minorités inquiètes pour leur avenir, dont 210 millions d'Indiens musulmans.

En revanche, la libération sous caution de Hemant Soren, ex-ministre en chef de l'État du Jharkhand (est), arrêté pour corruption en février dans une affaire distincte, a été refusée vendredi par les deux mêmes juges de la Cour suprême qui l'ont accordée à M. Kejriwal.

Les défenseurs des droits et l'opposition accusent le gouvernement de M. Modi d'instrumentaliser la justice à des fins politiques et s'inquiètent du rétrécissement de l'espace démocratique en Inde.

Selon le groupe de réflexion américain Freedom House, le BJP "s'est de plus en plus servi des institutions gouvernementales pour s'en prendre aux opposants politiques".

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