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Le gouvernement wallon a donné son feu vert à la livraison de pièces détachées pour des mitrailleuses destinées aux Émirats. Une décision qui relance le débat sur les exportations d’armes vers des pays pointés du doigt pour leurs atteintes aux droits de l’homme.
La Wallonie reprend les livraisons d’armes vers les Émirats arabes unis. Adrien Dolimont, ministre-président wallon, a validé la vente de pièces de rechange pour des mitrailleuses équipant des chars Leclerc.
Cette décision, en apparence technique, a rapidement suscité des critiques, notamment du côté d’Amnesty International.
L’organisation rappelle en effet que les Émirats sont considérés comme une destination "à risque" : des enquêtes ont démontré que le pays avait fourni des armes au Soudan, malgré l’embargo imposé par l’ONU.
Face à ces accusations, le gouvernement wallon défend sa position. Le ministre Pierre-Yves Jeholet a balayé les critiques, affirmant qu’"il ne faut pas être plus catholique que le pape".
Le gouvernement assume vouloir développer l’expertise et les activités du secteur wallon de la défense, un domaine économique jugé stratégique pour la région.
Un secteur opaque mais lucratif
Difficile d’évaluer précisément les retombées financières de ces exportations : les chiffres relèvent du secret des affaires, particulièrement dans l’industrie de la défense.
Cependant, certaines estimations existent. Selon les données recoupées par l’observatoire des armes d’Amnesty International, les exportations wallonnes d’armes ont atteint 365,1 millions d’euros en 2023, en augmentation de 3 % par rapport à 2022.
Le secteur des poudres et explosifs connaît lui aussi une croissance marquée. Les exportations ont atteint 47,3 millions d’euros en 2023, soit une hausse de 27 % par rapport à l’année précédente.
Entre 2017 et 2022, la Région wallonne a autorisé l’exportation de matériel de production militaire pour un montant total de 349,3 millions d’euros. À titre d’exemple, en 2022, les exportations déclarées s’élevaient à 64,6 millions d’euros, un chiffre deux fois plus élevé qu’en 2021.
Les droits de l’homme, un débat relancé
Cette reprise des ventes met en lumière un dilemme récurrent : les retombées économiques de l’industrie wallonne de l’armement doivent-elles primer sur les considérations éthiques ?
Si le gouvernement soutient sa stratégie de développement industriel, les critiques dénoncent le risque de voir des armes wallonnes utilisées dans des conflits où les droits de l’homme sont violés.
Pour l’heure, la décision est prise, mais le débat est loin d’être clos.
Retrouvez "Vous êtes dans le journal", du lundi au vendredi de 18h à 19h sur bel RTL avec Peggy Simono et Thibaut Roland.