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Gaza: violents combats à Jabalia et à Rafah, dissensions au sommet de l'Etat israélien

De violents combats opposent les troupes israéliennes à des combattants palestiniens samedi à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza et à Rafah, dans le sud, alors qu'au huitième mois de la guerre contre le Hamas, les dissensions se creusent au sommet de l'Etat israélien.

Benny Gantz, membre du cabinet de guerre a menacé de démissionner si un "plan d'action" stratégique notamment pour l'après-guerre à Gaza n'était pas adopté d'ici trois semaines. Avant lui, le ministre de la Défense, Yoav Gallant, avait déja sommé le 15 mai le Premier ministre Benjamin Netanyahu de "préparer immédiatement" une "alternative gouvernementale au Hamas" à Gaza.

M. Netanyahu, qui s'est refusé jusque-là à "toute discussion" sur l'avenir avant que "le Hamas soit anéanti", a accusé M. Gantz, un rival politique du centre-droit, de risquer "la défaite d'Israël", et vouloir "renverser le gouvernement".

Sur le terrain, l'armée israélienne a affirmé samedi avoir "éliminé une cinquantaine de terroristes" dans l'est de Rafah, la ville gazaouie du sud accolée à l'Egypte, où ses troupes sont entrées le 7 mai, provoquant depuis la fuite de 800.000 personnes, selon l'agence onusienne Unrwa.

Selon des journalistes de l'AFP, les tirs d'artillerie et les frappes aériennes se poursuivent dans l'est et le nord-est de Rafah.

Les Brigades al-Qods, branche armée du Jihad islamique palestinien, ont aussi affirmé affronter dans l'est de la ville des troupes israéliennes, entrées dans ce secteur le 7 mai.

- Ordres d'évacuation à Jabalia -

Dans le nord de la bande de Gaza, l'armée a ordonné dans la soirée l'évacuation "immédiate" de quartiers ouest de la ville de Jabalia, d'où selon elle des roquettes ont été tirées sur des villes israéliennes.

Début janvier, Israël avait annoncé avoir neutralisé le Hamas dans le nord du territoire palestinien, mais selon l'armée, le mouvement - considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'UE - contrôlait "totalement" Jabalia "il y a quelques jours".

Le Hamas y a fait état de "dizaines" de morts et "centaines de blessés, accusant l'armée israélienne de cibler "des immeubles résidentiels" ainsi que "des écoles et abris".

Les Brigades Al-Qods ont elles affirmé avoir ciblé à Jabalia un centre de commandement israélien.

Le conflit a été déclenché le 7 octobre par l'attaque du Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur les 252 personnes emmenées comme otages le 7 octobre, 125 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 mortes selon l'armée.

L'opération militaire lancée en représailles par Israël à Gaza a fait 35.386 morts, essentiellement des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas, au pouvoir dans le territoire depuis 2007.

- Un envoyé américain attendu dimanche -

Après des mois de bombardements et opérations qui ont ravagé le nord et le centre de la bande de Gaza, et poussé des centaines de milliers de déplacés à Rafah, l'armée israélienne a annoncé jeudi intensifier ses opérations dans cette ville, avec l'objectif affiché d'y anéantir les derniers bataillons du Hamas, malgré les inquiétudes internationales.

Vendredi, 13 pays - Japon, Canada, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni, Australie, Corée du Sud et sept Etats membres de l'UE parmi lesquels la France - ont adressé à Israël un appel conjoint à ne pas lancer d'offensive de grande ampleur sur Rafah.

Premier soutien d'Israël, les Etats-Unis, qui s'opposent également à une offensive d'ampleur à Rafah, ont annoncé la visite dimanche en Israël du conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan.

Depuis qu'Israël a ordonné l'évacuation des secteurs est de Rafah, le 6 mai, "800.000" personnes ont "été forcées de fuir", pour s'entasser notamment à Khan Younès, plus au nord, a indiqué sur X Philippe Lazzarini, le patron de l'Unrwa, agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens.

Déplacé de Rafah, Mohammad Baroud, qui fait la queue à un point d'eau, décrit une "situation très difficile", à Khan Younès. "Tout est détruit dans la région. Toutes les maisons sont détruites. Il n'y a aucune commodité de base pour la vie", dit-il à l'AFPTV.

Alors que l'acheminement de l'aide humanitaire est quasi à l'arrêt depuis des jours, "plus de 300 palettes" de matériel ont été envoyées pour la première fois samedi via une jetée flottante temporaire construite par les Etats-Unis, a annoncé samedi l'armée israélienne.

Mais l'ONU et les organisations humanitaires répètent que seule l'ouverture des passages routiers peut garantir les nécessaires livraisons à grande échelle, dans le petit territoire surpeuplé, assiégé et menacé de famine.

Depuis le déploiement le 7 mai de l'armée israélienne du côté palestinien du poste-frontière de Rafah, Israéliens et Egyptiens se renvoient la responsabilité de la paralysie de ce passage par où entrait l'essentiel du carburant indispensable aux hôpitaux et à la logistique humanitaire.

Les livraisons sont aussi largement entravées aux passages côté israélien de Kerem Shalom et d'Erez.

De nombreux Israéliens ont manifesté samedi soir à Tel-Aviv contre Benjamin Netanyahu, réclamant le retour des otages.

"Ramenez-le à la maison" pouvait-on lire sur des pancartes.

L'armée israélienne a annoncé plus tôt avoir rapatrié le corps d'un otage, Ron Benjamin, 53 ans, récupéré à Gaza, où il avait été emmené mort le 7 octobre. Sa dépouille a été retrouvée avec celles de trois autres otages dont le rapatriement avait été annoncé vendredi.

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