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Le Hamas palestinien a fustigé samedi les "diktats américains" en rejetant le nouveau projet d'accord pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, où 15 membres d'une même famille, dont neuf enfants, ont été tués dans une frappe israélienne selon la Défense civile.
Après plus de dix mois de guerre, des discussions sur un cessez-le-feu à Gaza se sont tenues jeudi et vendredi à Doha entre Israël et les médiateurs -- Etats-Unis, Qatar et Egypte --, au terme desquelles une proposition remaniée d'accord a été présentée par Washington, principal allié d'Israël.
De retour des discussions, les négociateurs israéliens ont "exprimé leur optimisme prudent" à Benjamin Netanyahu, selon le bureau du Premier ministre.
Le Hamas a toutefois rejeté cette proposition remaniée en dénonçant des "diktats américains", et réclame une application du plan annoncé fin mai par le président américain Joe Biden.
Ce plan prévoit dans une première phase une trêve de six semaines accompagnée d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et de la libération d'otages enlevés le 7 octobre, et dans sa phase deux, notamment un retrait total israélien de Gaza.
Déclenchée en riposte à une attaque de l'organisation islamiste contre Israël le 7 octobre, l'offensive israélienne s'est poursuivie durant ce nouveau cycle de négociations auquel le mouvement islamiste a refusé de participer.
Israël a annoncé dans la nuit de samedi à dimanche avoir tué à Jénine, en Cisjordanie occupée, "deux hauts responsables du Hamas", Ahmad Abu Ara, "responsable de la fabrication d'explosifs", et Raafat Dawasi, "responsable militaire" local.
Les Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, a confirmé la mort des deux hommes, soulignant qu'ils avaient été chargés "de la planification et de la mise en œuvre de plusieurs opérations de qualité".
Samedi soir, le ministère palestinien de la Santé avait fait état de la mort de deux Palestiniens dans le bombardement de leur voiture à Jénine.
Pour Washington, un cessez-le-feu à Gaza aiderait à éviter un embrasement régional après la menace de l'Iran et ses alliés de riposter à l'assassinat, imputé à Israël, du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh à Téhéran le 31 juillet, et à celui du chef militaire du Hezbollah libanais, Fouad Chokr, tué la veille dans une frappe revendiquée par Israël près de Beyrouth.
- "Illusion" -
Un accord de cessez-le-feu "proche" est une "illusion", a taclé un cadre du Hamas, Sami Abou Zohri, pour qui la dernière proposition américaine "laisse supposer un énorme retour en arrière".
Il répondait à M. Biden qui a affirmé vendredi qu'un accord "n'a jamais été aussi proche".
Le Hamas accuse Israël d'avoir ajouté de "nouvelles conditions", notamment le "maintien de troupes" israéliennes à la frontière de Gaza avec l'Egypte et "un droit de veto" sur les prisonniers palestiniens susceptibles d'être échangés contre des otages.
Alors que les pourparlers doivent reprendre la semaine prochaine au Caire, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken doit s'envoler samedi pour Israël.
Les chefs de diplomatie britannique, français, allemand et italien ont, de leur côté, exhorté dans un communiqué conjoint "toutes les parties à s'engager de manière positive et flexible dans le processus" de négociation.
Benjamin Netanyahu a maintes fois affirmé vouloir poursuivre la guerre jusqu'à la destruction du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.
A Tel-Aviv, des milliers de personnes se sont rassemblées pour réclamer un accord permettant de ramener chez eux les otages retenus à Gaza. "Nous savons tous qu'il existe une réelle possibilité d'accord", a dit Mor Korngold, frère d'un otage.
- "Scènes indescriptibles" -
Dans la bande de Gaza dévastée et assiégée, au moins 15 membres de la famille Ajlah, dont trois femmes et neuf enfants, ont péri dans une frappe à al-Zawayda (centre), selon la Défense civile.
"Trois missiles ont touché directement la maison", a raconté à l'AFP Ahmed Abou al-Ghoul, qui aidait avec d'autres Palestiniens à évacuer des corps des décombres.
A la morgue, Omar al-Dreelmi, de la famille Ajlah, a évoqué des "scènes indescriptibles, de corps d'enfants démembrés".
Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a dit avoir "touché une infrastructure terroriste dans le centre de la bande de Gaza", affirmant "enquêter" après avoir "reçu des informations" sur des civils "tués dans une structure adjacente".
Selon des témoins, des frappes israéliennes ont également visé des tours résidentielles à Khan Younès (sud).
Selon l'ONU, des milliers de Palestiniens ont dû "partir précipitamment, sans savoir où aller, au milieu de la mort et de la destruction" après de nouveaux ordres d'évacuation israéliens pour des secteurs de Deir al-Balah (centre) et Khan Younès.
L'armée a indiqué avoir éliminé plusieurs "terroristes" à Rafah et Khan Younès et annoncé la mort de deux soldats, portant à 332 le nombre de ses militaires tués depuis le lancement de son offensive terrestre le 27 octobre.
L'attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël a entraîné la mort de 1.198 personnes côté israélien, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 111 sont toujours retenues à Gaza dont 39 déclarées mortes par l'armée.
L'offensive de représailles israélienne à Gaza a fait au moins 40.074 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas, qui ne détaille pas le nombre des civils et des combattants tués.
Elle a plongé le territoire palestinien dans un désastre humanitaire, l'immense majorité des 2,4 millions d'habitants de Gaza ayant été déplacés.