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Des parents émus qui accompagnent sous la pluie leurs enfants stressés jusqu'aux grilles des centres d'examens de Pékin : la Chine vit vendredi le premier jour du "gaokao", l'exigeant concours d'entrée à l'université destiné aux lycéens.
Cet examen qu'ils préparent assidûment dès leur plus jeune âge, souvent à coup de cours supplémentaires incessants, battra cette année un nouveau record de participation avec 13,42 millions de candidats, selon le ministère de l'Education.
"Les gens disent que cela marque vraiment le début d'une vie", explique à l'AFP Zhi Haihong, une mère de famille de 50 ans.
"Donc les enfants ne peuvent pas se relâcher maintenant".
C'est habillée d'une robe chinoise traditionnelle que Mme Zhi a accompagné sa fille, élève de terminale, jusqu'au site d'examen situé dans le centre de Pékin, avec l'espoir que sa couleur rouge vif lui porterait chance.
Le "gaokao" ("examen pour les études supérieures") consiste en des épreuves de chinois, d'anglais, de mathématiques ou encore de sciences.
Les résultats sont déterminants pour savoir si le candidat peut ou non accéder à une université - et si oui laquelle, prestigieuse ou plus modeste.
L'enseignement supérieur s'est rapidement développé en Chine au cours des dernières décennies, en raison du boom économique qui a entraîné une hausse du niveau de vie, ainsi que des fortes attentes des parents concernant la vie professionnelle de leurs enfants.
Mais le marché de l'emploi sur lequel se retrouvent les jeunes diplômés n'est plus aussi dynamique qu'auparavant. La deuxième économie mondiale peine à rebondir depuis la pandémie et le chômage des jeunes reste élevé.
- "Ça fait grandir" -
"Tout ça, ça fait grandir, c'est un passage obligé je pense", déclare Mme Zhi en parlant de l'intense préparation à l'examen.
"C'est seulement après avoir été sous pression que ta capacité d'adaptation, ton mental, peut s'améliorer. Tu es mieux armé ensuite pour gérer la pression une fois que tu travailles", souligne-t-elle.
Sur le réseau social Weibo, le gaokao était le principal sujet discuté vendredi matin.
De nombreux utilisateurs partageaient des photos de lycéens en uniforme scolaire, échangeant des poignées de main et serrant leurs parents dans leurs bras avant d'entrer dans les centres d'examen.
Même le compte officiel Weibo de la sonde lunaire chinoise Chang'e-6, qui a collecté des échantillons de la face cachée de la Lune cette semaine, a encouragé les adolescents.
"A vous tous qui vous dépassez : vous êtes tous formidables", a écrit l'auteur du message, agrémenté d'un pouce levé.
Comme toujours, les autorités éducatives sont sur le qui-vive face aux tricheries durant l'examen - régulières ces dernières années.
- Candidat millionnaire -
Par ailleurs, afin d'assurer la sérénité des candidats, les alentours des centres d'examen sont souvent étroitement sécurisés par la police, des voies sont fermées à la circulation et plusieurs villes interdisent aux automobilistes de klaxonner.
A Pékin, Sun Song, un papa de 45 ans, se tient sous un parapluie et discute avec d'autres parents après avoir accompagné sa fille à sa première épreuve.
"Le plus important, c'est qu'elle trouve un emploi qui lui plaise et qu'elle puisse aller dans une école qu'elle aime", déclare M. Sun à l'AFP.
"Tant qu'elle est heureuse, c'est l'essentiel".
Parmi les candidats les plus insolites cette année figure Liang Shi, un millionnaire de 57 ans, qui tentera à nouveau de réussir l'examen après déjà ...27 échecs.
Autodidacte qui a gravi les échelons avant de créer sa propre entreprise, il s'est toujours déclaré frustré de ne pas avoir été admis dans l'université de ses rêves.
Autre candidat suivi de près par les médias chinois : Xu Mengnan, 35 ans, un homme qui se présente à nouveau à l'examen, 16 ans après avoir délibérément échoué pour, dit-il, protester contre le système éducatif.
Ex-ouvrier d'usine, marié puis divorcé, il avait déjà réussi l'examen en 2018, a été diplômé d'une licence d'université, mais souhaite désormais changer de spécialité : repasser l'examen est le seul moyen pour lui d'y parvenir.