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Pour analyser le débat entre Donald Trump et Kamala Harris d'hier soir, notre référent pour les USA, ainsi que le professeur à l'ULB et à l'IHECS, Nicolas Baygert, étaient présents sur le plateau du RTL Info 13H.
Hier soir, Donald Trump affrontait Kamala Harris dans un débat très attendu par le peuple américain. À l'issue de ce dernier, les sondages restent encore très serrés.
Notre référent pour les USA et le professeur à l'ULB et à l'IHECS, Nicolas Baygert, étaient sur le plateau du RTL Info 13H pour analyser la prestation des deux candidats. Au moment d'évoquer un éventuel "gagnant" de ce débat, notre expert explique : "Il ne faut pas oublier qu'il y avait trois types d'Américains devant l'écran cette nuit : ceux qui soutenaient Kamala Harris, ceux qui soutenaient Donald Trump, et puis 28 % d'Américains qui se posaient beaucoup de questions sur cette candidate démocrate. Se demandant si elle avait les moyens et les capacités d'être présidente. A-t-on vu, durant ce débat de 90 minutes, que Kamala Harris avait les épaules pour devenir le commandant en chef des États-Unis ? Elle l'a montré dès la poignée de main, où elle a pris d'une certaine façon l'ascendance sur Donald Trump. Et cela s'est ressenti tout au long du débat. On a perçu qu'elle était plus dynamique, tandis que Donald Trump semblait bizarrement plus effacé, presque comme s'il était sous tranquillisant, ce qui était assez surprenant. De ce point de vue, Kamala Harris a gagné des points".
Même son de cloche pour Nicolas Baygert, qui a perçu Kamala Harris comme plus dominante et sûre d'elle. "Je suis d'accord. On a surtout vu un Donald Trump dont la mission était de décrédibiliser Kamala Harris et d'évaluer comment elle allait réussir à tenir tête à cette bête de scène qu'est Donald Trump, sans filet, sans prompteur, sans note. Finalement, il a été totalement désarçonné, mordant à tous les hameçons et pièges tendus par Kamala Harris. Il est tombé dedans à pieds joints. Il a été un peu étrange de voir qu'il n'était peut-être pas suffisamment préparé, alors que Kamala Harris avait des éléments de langage beaucoup plus subtils, notamment dans son comportement, son langage non-verbal et sa capacité à occuper la scène. En quelque sorte, elle sort renforcée de cette confrontation, tandis que Donald Trump a perdu beaucoup de crédit".
Les deux experts ont également abordé l'aspect stratégique du débat, mettant en avant une meilleure préparation du côté démocrate. "Il y a eu une grosse préparation, que l'on a ressentie dès le début. Pour Kamala Harris, l'objectif était surtout d'élargir son électorat. Elle devait non seulement convaincre les démocrates en défendant ses valeurs, comme le droit à l'avortement, mais aussi tenter de séduire certains républicains qui ne sont pas favorables à Donald Trump. Par exemple, elle a souligné que Dick Cheney, l'ancien vice-président, était l'un de ses soutiens et que les anciens généraux de Trump le considéraient comme un homme dangereux. D'une certaine manière, elle a essayé de dire aux républicains : 'Venez avec moi, je suis la présidente du peuple américain', comme elle l'a répété. De son côté, Donald Trump s'est concentré sur son électorat de base, celui qui est pro-armes, anti-avortement, anti-migrants, et adepte des vérités alternatives. Il a privilégié cet électorat plutôt que d'élargir son soutien" précise notre expert.
Certains estiment qu'elle a donné un "coup de vieux" au candidat républicain, comme l'explique Nicolas Baygert. "La confrontation n'était pas celle que Donald Trump souhaitait. Il voulait être face à Joe Biden, deux hommes de la même génération, l'un plus en forme que l'autre. Nous avons vu que Joe Biden s'était totalement écroulé lors du débat de juin. Ici, il y a vraiment eu une rupture, un passage de témoin générationnel. Kamala Harris a très bien joué cette carte. D'une part, elle est une femme. Il y a déjà eu l'exemple d'Hillary Clinton, mais elle appartenait à la même génération que Donald Trump. Ici, il y a presque 20 ans d'écart entre les deux candidats. En outre, Kamala Harris a réalisé un travail intéressant de contextualisation pédagogique. Elle prévenait le téléspectateur qu'il serait confronté à un menteur qui, comme il l'a fait pendant des années, propagerait des fake news. C'était une manière de préparer le terrain pour ses attaques tout au long de la confrontation" conclut-il.