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Elections au Mexique: la candidate de l'opposition n'est pas prophète sur ses terres

Elle n'est pas prophète dans son pays. La candidate de l'opposition Xochitl Galvez, qui met en avant ses origines indigènes et pauvres, peine à convaincre dans sa bourgade natale, qui semble acquise à sa rivale de la gauche au pouvoir et ses programmes sociaux pour la présidentielle du 2 juin au Mexique.

Mme Galvez, 61 ans, ex-sénatrice de centre-droit et cheffe d'entreprise, est née en 1963 d'un père otomi (une communauté autochtone) maître des écoles bilingue et d'une mère au foyer à Tepatepec dans l'Etat d'Hidalgo, à une centaine de kilomètres au nord de Mexico.

Dans les rues de cette localité agricole de 11.000 habitants, on remarque surtout les affiches en faveur de Claudia Sheinbaum, la candidate du Mouvement pour la régénération nationale (Morena, gauche) au pouvoir, largement favorite de l'élection du 2 juin.

Ruben Angeles Santiago, voisin et ami de la famille Galvez, a pu toucher de près le paradoxe lors d'une récente rencontre nationale d'agriculteurs.

"J'ai vu que la majorité soutenait Xochitl, mais pas ici", affirme à l'AFP ce vétérinaire de 65 ans.

La candidate au langage fleuri est soutenue par une coalition de trois formations, l'ex-parti-Etat du PRI, au pouvoir pendant 70 ans jusqu'en 2000, le PAN (libéral-conservateur), et le PRD, plutôt classé au centre-gauche.

- "Ballet" -

Quand "Xochitl" était enfant dans les années 1960-70, Tepatepec était plongé dans la pauvreté. La candidate a raconté qu'elle préparait et vendait des confiseries quand elle était enfant pour payer ses études.

"Quand toi à dix ans tu dansais le ballet, moi je devais travailler", a-t-elle lancé lors du dernier débat télévisé dimanche à sa rivale Claudia Sheinbaum, issue de la classe moyenne intellectuelle de la capitale.

Des années plus tard, un diplôme d'ingénieur en poche, Mme Galvez a créé une entreprise de technologie et fut nommée en 2000 au cabinet du président Vicente Fox (PAN, 2000-2006), en charge d'une commission nationale pour le développement des peuples indigènes.

Loin de se sentir fiers de sa réussite, certains des habitants de sa ville natale doutent de son histoire de transfuge social qui a su surmonter tous les obstacles à force de travail.

"Ce n'est pas vrai qu'elle a autant souffert dans son enfance", assure Feliz Manso, femme au foyer de 76 ans.

"Ce sont des purs mensonges. Pourvu qu'elle n'arrive pas à la présidence, parce que, qui sait où elle va nous laisser", affirme la retraitée, acquise à la cause de Morena et du président sortant, Andres Manuel Lopez Obrador.

"Je me sens mal parce qu'il s'en va", affirme Feliz Manso au sujet du président sortant, qui quitte le pouvoir après un mandat unique de six ans comme le prévoit la Constitution.

Elle lui lance un "merci à Dieu", parce qu'il lui a permis de toucher la retraite universelle pour les plus de 65 ans (environ 77 dollars mensuels).

- "On parle mal d'elle" -

Aux abords de la localité, l'après-midi déroule ses langueurs, les voisins enfermés chez eux pour se protéger du soleil.

Enclavée dans la vallée del Mezquital, l'agriculture reste à Tepatepec une activité vitale.

De nombreuses maisons et quantité de commerces arborent des affiches de Morena. Le président sortant bénéficie de 66% de taux d'approbation de sa politique, d'après l'institut Oraculus.

Tout près, José Luis Ramirez, plombier de 48 ans qui vit entre Tepatepec et Ciudad de Mexico, estime que Mme Galvez est "la meilleure option", tout en reconnaissant qu'elle "n'est pas très populaire" dans sa ville d'origine.

"On parle mal d'elle. Le problème c'est que les gens ne lisent pas", dit l'entrepreneur. "Ils vont voter Morena en raison de tout l'argent qu'on leur donne".

La question des programmes et des aides sociales accordées par le gouvernement de M. Lopez Obrador a été centrale dans le débat électoral.

Au début de sa campagne, Xochitl Galvez a promis qu'elle maintiendrait les programmes sociaux mis en place par l'actuel gouvernement, en signant de son sang devant notaire un engagement officiel.

Ruben Angeles, le voisin et l'ami de la famille Galvez, assure que les habitants de Tepatepec qui vont voter pour "Xochitl" ne le disent pas, de peur qu'on leur "retire leur pension".

Il estime que les chances de la candidate ont augmenté après les trois débats.

"Je pense qu'elles vont faire jeu égal, avant j'étais sûr que Sheinbaum allait gagner, plus maintenant", déclare-t-il.

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