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L'estimation de la Papouasie-Nouvelle-Guinée selon laquelle 2.000 personnes ont été ensevelies par un glissement de terrain dans les hautes terres a été remise en question mercredi, l'imagerie satellite, les experts en catastrophes et les responsables locaux suggérant un bilan bien plus bas.
Alors que le Premier ministre James Marape a déclaré au Parlement une "estimation initiale" selon laquelle "plus de 2.000 personnes auraient péri", des questions ont été posées en privé sur la manière dont ce chiffre a été atteint.
Jusqu'à présent, six corps ont été récupérés dans la mer de débris et les fonctionnaires de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Près d'une semaine après la chute du mont Mungalo, les engins n'ont toujours pas atteint la zone sinistrée. Seule une petite partie de la terre a été tamisée.
Les estimations contradictoires sur le nombre de personnes qui se trouvaient sur la trajectoire du glissement de terrain, ainsi que le faible nombre de corps et de blessés, ont alimenté les doutes sur le bilan.
Le conseiller municipal Jamain Yandam a déclaré à l'AFP que l'estimation de 2.000 personnes était basée sur des hypothèses concernant la population des deux quartiers touchés, Yambeli et Lapak.
Le chef de la communauté, Miok Michael, a déclaré que 19 de ses proches étaient portés disparus et qu'on craignait qu'ils ne soient morts, mais il admet que le bilan reste incertain.
"D'après ce que j'ai entendu sur le terrain, il s'agit de centaines de personnes, mais ce n'est pas encore confirmé. Il faut une véritable équipe d'évaluation pour obtenir des chiffres exacts", a-t-il dit à l'AFP.
- Images satellite -
Les gouvernements étrangers et les agences d'aide sont très réticents à s'interroger publiquement sur l'ampleur d'une catastrophe nationale.
Les estimations concernant le nombre de morts, les pertes de maisons et la population locale ont des conséquences importantes sur l'ampleur de l'effort de réponse et sur le financement des donateurs.
David Petley, expert en glissements de terrain et recteur de l'université de Hull, a déclaré qu'il "doutait fortement" de l'exactitude du bilan de 2.000 personnes.
"C'est le genre de pertes humaines que l'on voit dans une ville", a-t-il déclaré à l'AFP, en montrant des images satellite avant et après le glissement. Or, "les images prises avant le glissement ne confirment pas une telle concentration de personnes".
Les images satellites de juin 2023 montrent 40 structures visibles dans la zone entourant le glissement de terrain, selon une analyse de l'AFP.
Selon le conseiller municipal Yandam, 10 à 18 personnes peuvent vivre dans une grande rotonde, et cinq dans une hutte plus petite, ce qui signifie que le nombre de victimes se compte en centaines, et non en milliers.
Certains responsables de Papouasie-Nouvelle-Guinée affirment qu'un récent afflux de personnes fuyant les violences tribales a porté le nombre de maisons à plus de 100.
Justine McMahon, responsable de CARE Papouasie-Nouvelle-Guinée, a averti que de nombreuses maisons sont construites en matériaux de brousse et peuvent ne pas être détectées par les images satellites.
Mais elle a également exprimé des doutes sur le bilan. "Je serais un peu sceptique, pour être honnête", a-t-elle dit à l'AFP.
- Des données peu fiables -
Certaines des estimations officielles de la Papouasie-Nouvelle-Guinée semblent être basées sur des extrapolations à partir de données de recensement ou de listes électorales notoirement peu fiables.
Des estimations de la population sont également basées sur les données des listes électorales de 2022.
Les responsables ont déclaré avoir compté le nombre d'électeurs inscrits et y avoir ajouté 42 % pour tenir compte du nombre estimé d'enfants n'ayant pas l'âge de voter.
Cela a conduit à une estimation de 7.850 personnes dans les deux quartiers concernés.
John Burton, ancien professeur de gestion des risques de catastrophes en Papouasie-Nouvelle-Guinée, estime toutefois que les affirmations selon lesquelles les deux quartiers ont été entièrement recouverts de décombres sont "inexactes".
"L'ensemble du glissement de terrain représente entre huit et neuf hectares. Mais la plus grande partie est constituée de pentes abruptes", a-t-il fait valoir.
"Je ne veux pas minimiser la gravité de ce désastre", a-t-il dit à l'AFP, mais "toutes les estimations au-delà de 300 (morts) sont invraisemblables".