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Plusieurs centaines de migrants originaires d'Afrique subsaharienne ont été évacués de force vendredi de campements, installés devant des agences onusiennes à Tunis, puis "déportés vers la frontière algérienne", a indiqué à l'AFP un porte-parole de l'ONG Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES).
"Au moins 300 migrants, dont des réfugiés et demandeurs d'asile, des femmes et des enfants, ont été évacués par la force la nuit dernière", a indiqué Romdhane Ben Amor, soulignant que "des dizaines d'autres ont pris la fuite auparavant, par crainte d'opérations de déportation".
Sollicité par l'AFP, le ministère de l'Intérieur était injoignable en début d'après-midi.
Trois campements improvisés, installés depuis au moins l'été dernier devant les sièges du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) et de l'Organisation mondiale des migrations (OIM) ainsi que dans un jardin dans la zone du Lac, ont été vidés de leurs occupants, selon le FTDES.
Entre 500 et 700 personnes y vivaient sans eau courante, ni électricité, ni sanitaires, beaucoup après avoir été chassées de leur logement et travail au cours des mois ayant suivi un violent discours anti-migrants en février 2023 du président tunisien Kais Saied. Il y dénonçait l'arrivée de "hordes de migrants clandestins" dans le cadre d'un complot "pour changer la composition démographique" du pays.
Des autocars encadrés par la police ont emmené les personnes pour "les transférer vers la frontière algérienne", selon des témoignages recueillis par le FTDES. "Mais un certain nombre ont réussi à s'enfuir avant d'arriver dans la région de Beja", proche de l'Algérie.
Selon le porte-parole, ces opérations font directement suite à une réunion jeudi à Rome des ministres de l'Intérieur d'Italie, Tunisie, Algérie et Libye.
La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a effectué récemment en Tunisie une visite pour renforcer la coopération bilatérale dans la lutte contre l'immigration clandestine.