Accueil Actu Monde International

Darmanin honore les soldats musulmans de 14-18 et appelle l'Islam de France à s'organiser

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a enjoint les représentants de la communauté musulmane à mieux s'organiser pour se "faire entendre", après avoir honoré la mémoire des soldats musulmans morts pour la France pendant la Première guerre mondiale, samedi à la Grande mosquée de Paris.

"Si vous voulez faire entendre votre voix, il faut vous organiser", a-t-il affirmé en rencontrant une soixantaine de représentants de la communauté musulmane.

"Si vous n'avez pas d'organisation, c'est un peu votre faute. Vous continuez à vous définir comme Marocains, Algériens, vous ne parlez pas entre vous", a estimé le ministre, alors que la structuration du culte musulman reste un sujet épineux, le "Forum de l'islam de France" (Forif) lancé fin 2021 peinant à s'imposer.

Gérald Darmanin, chargé des cultes, était interrogé sur le "deux poids, deux mesures" qu'éprouvent des représentants musulmans à la veille de la "grande marche civique" contre l'antisémitisme de dimanche. "J'aurais préféré qu’on soit dans l’unité de la République et du peuple français", a lancé l'un des interlocuteurs du ministre.

La visite avait commencé par un dépôt de gerbe en mémoire des 70.000 à 100.000 soldats musulmans morts durant la "Grande guerre", en présence du recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-Eddine Hafiz, du préfet de police de Paris Laurent Nuñez, de la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse et de la maire du 5e arrondissement Florence Berthout.

Le ministre a ensuite répondu pendant une heure aux questions de représentants musulmans, inquiets en cette période de conflit entre Israël et le Hamas.

"Pourquoi les mosquées ne bénéficient-elles pas de la mêmes sécurité (que les édifices juifs, ndlr)?" ou "pourquoi les manifestations en soutien des Palestiniens ont été interdites?", lui ont-ils notamment demandé.

A la première question, Gérald Darmanin a répondu que "500.000 euros ont été octroyés pour la sécurité du culte musulman" depuis le début de l'année. "Il reste de l’argent, l’Etat est à votre disposition. Tous les dossiers déposés par des organismes musulmans ont reçu une réponse positive", a-t-il souligné.

A la seconde, il a expliqué les règles de sécurité et de déclaration des manifestations. "La France ne fait pas de distinction entre ses enfants", a-t-il assuré, martelant que "nous n’avons aucun problème avec la communauté musulmane".

"Sur 2.600 lieux de culte musulmans on a eu, en un mois, trois problèmes", a-t-il ajouté, alors que des représentants musulmans dénoncent une montée du racisme les visant, notamment lors d'interventions dans les médias, depuis l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre contre Israël.

Dans une tribune publiée samedi par Le Monde, Chems-Eddine Hafiz a appelé à "stopper les amalgames" et "arrêter d’accuser les musulmans des maux de notre société, et en particulier de l'antisémitisme".

"Il y a des discriminations. Mais est-ce que c’est la religion ou la couleur de peau" qui joue, s'est interrogé Gérald Darmanin lors de la rencontre, avant d'évoquer l'"éléphant dans la pièce : un islam radical extrêmement minoritaire mais extrêmement vocal" et qui "tue plus de musulmans que de chrétiens dans le monde".

"On gagnerait à se dire que l’islam est une religion française et qu’elle doit s’organiser indépendamment de l’influence des pays", a-t-il martelé.

À lire aussi

Sélectionné pour vous