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Depuis le début de l'escalade à la frontière avec Israël, Elie Rmeih s'est habitué aux bombardements sur sa ville du sud du Liban. Mais il n'a jamais eu aussi peur que pendant la nuit de jeudi à vendredi, quand l'armée israélienne a frappé simultanément des centaines de cibles du Hezbollah.
"Tout était normal, les enfants dormaient jusqu'à ce que les raids commencent au milieu de la nuit", a raconté M. Rmeih, propriétaire d'un magasin de vêtements à Marjayoun, bourgade chrétienne à une dizaine de kilomètres de la frontière avec Israël.
"J'ai compté plus de 50 raids et j'ai failli devenir fou", ajoute cet homme de 45 ans, alors "j'ai pris mes enfants et je suis allé chez un ami" pour les mettre à l'abri.
"De telles déflagrations, c'est du jamais vu", dit ce père de famille dont la ville, relativement épargnée par les violences, n'en vit pas moins depuis près d'un an au rythme des explosions quotidiennes.
- "Anxiété constante" -
Jeudi soir, Israël a multiplié les raids aériens dans le sud du Liban, disant avoir visé notamment des systèmes lance-roquettes du Hezbollah et frappé "environ 100 lanceurs" et d'autres infrastructures "représentant environ 1.000 canons".
Des photos et vidéos capturées jeudi soir par des journalistes de l'AFP dans plusieurs régions du sud du Liban montrent des boules de feu illuminant le ciel lors de ces intenses frappes aériennes.
Les explosions résonnaient dans les environs de plusieurs localités avoisinantes.
La panique s'est emparée de nombreux habitants, à l'image de Noha Abdo, une femme au foyer de 62 ans résidant avec sa famille à Marjayoun.
"J'avais très peur, surtout pour mes petits-enfants. On les déplaçait d'une pièce à l'autre", "nous ne savions pas ce qui se passait", explique-t-elle à l'AFP avant d'ajouter: "la guerre, c'est terrifiant".
"Nous vivons dans une anxiété constante et dans la peur de l'expansion de la guerre", affirme M. Rmeih, "si c'est le cas, où irons-nous?"
- "Incontrôlable" -
Le 8 octobre 2023, le Hezbollah, soutenu par l'Iran, a ouvert le front du sud du Liban contre Israël, "en soutien" au Hamas palestinien, son allié, dans sa guerre contre Israël dans la bande de Gaza.
Les tensions sont montées d'un cran quand mardi et mercredi quand des centaines de bipeurs et talkies-walkies utilisés par le mouvement islamiste libanais ont explosé à travers le Liban lors d'une attaque sans précédent ayant fait 37 morts et près de 3.000 blessés.
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a reconnu jeudi que son parti avait reçu un coup "sans précédent", promettant une "terrible" riposte à cette attaque spectaculaire attribuée à Israël.
Dans le village de Zawtar Charqiyé, près de la frontière avec Israël, les habitants racontent leur nuit "d'épouvante".
Zeina Harb, 30 ans, une institutrice qui n'a jamais quitté son village malgré les violences depuis près d'un an, dit que "les raids étaient étranges, qu'il s'agisse de l'intensité ou de la fumée" qu'ils dégageaient.
"Nous essayons de maîtriser nos nerfs malgré la grande anxiété que nous avons ressentie face à l'arrivée des nouvelles et aux avertissements concernant l'explosion des téléphones et la circulation des rumeurs", dit-elle.
"J'espère que la guerre ne s'étendra pas et qu'elle prendra fin le plus tôt possible".