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Au Pays basque, les héritiers de la branche politique d'ETA donnés favoris des régionales

Considéré comme l'héritier de la branche politique d'ETA, le parti séparatiste EH Bildu apparaît en mesure de remporter dimanche les élections régionales au Pays basque, un scrutin où les socialistes du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez joueront le rôle d'arbitre.

Les bureaux de vote ont ouvert à 07H00 GMT et fermeront à 18H00 GMT dans cette riche région industrielle du nord de l'Espagne, peuplée de 2,2 millions d'habitants et où les autorités régionales disposent de compétences considérables (police, éducation, santé, prisons...).

Et pour la première fois, les sondages - dont les derniers ont été publiés il y a une semaine - donnent Bildu gagnants, de peu, devant le Parti nationaliste basque (PNV), formation conservatrice dominant la vie politique régionale depuis des décennies.

Un peu plus de dix ans après l'abandon en 2011 de la lutte armée par ETA, tenue pour responsable de la mort de plus de 850 personnes en quatre décennies de violences, un tel résultat constituerait un séisme politique.

EH Bildu a mené ces dernières années une stratégie électorale gagnante, en mettant au deuxième plan ses revendications indépendantistes pour se focaliser sur les questions sociales, l'écologie, le féminisme...

"Le terrorisme n'a pas fait partie de la vie de la plupart des plus jeunes qui votent aujourd'hui" et si "on est de gauche et soucieux des questions sociales, on vote pour Bildu", assure Elena Garcia, une éducatrice spécialisée rencontrée à Bilbao par l'AFP la semaine dernière, qui va voter dimanche pour ce parti séparatiste de gauche.

- Les socialistes de Sánchez en arbitres -

Si Bildu remporte le scrutin et devient la première force au parlement régional, il "ne gouvernera pas (...) car aucun parti ne voudra s'allier avec lui" pour constituer une majorité, estime Pablo Simon, politologue à l'Université Carlos III de Madrid.

Le PNV et le Parti socialiste de Pedro Sánchez, troisième dans les sondages, ont en effet fermé la porte à une alliance avec ce parti dirigé par un ancien membre d'ETA, Arnaldo Otegi.

Bildu "a une dette envers la société basque et tant que (ce parti) ne condamnera pas le terrorisme", les socialistes "ne signeront aucun type d'accord" avec lui au Pays basque, a assuré le candidat socialiste aux régionales, Eneko Andueza.

Refusant cette semaine de qualifier ETA de groupe "terroriste", le candidat de Bildu, Pello Otxandiano, s'est attiré les condamnations unanimes de la classe politique espagnole. Son "pardon" jeudi, sans changer toutefois de position sur ETA, a été jugé insuffisant par Pedro Sánchez qui a demandé à Bildu d'"appeler les choses par leur nom".

Le Premier ministre fait déjà face, au niveau national, aux attaques incessantes de l'opposition de droite qui l'accuse de "blanchir" les "héritiers d'ETA" en bénéficiant du soutien des députés de Bildu au Parlement espagnol.

En décembre, l'aide apportée par les socialistes à Bildu dans sa prise de contrôle de la mairie de Pampelune (nord) avait fait particulièrement enrager l'opposition.

La tournure de ce scrutin régional laisse donc le Premier ministre dans une situation d'arbitre inconfortable, le PNV étant un autre allié parlementaire absolument indispensable de son gouvernement minoritaire.

Selon les analystes, le scénario le plus probable est une reconduction de la coalition actuellement au pouvoir dans la région entre le PNV et les socialistes.

Et si une telle perspective pourrait provoquer un mouvement d'humeur de Bildu, "l'issue des élections basques ne devrait pas menacer la stabilité du gouvernement" espagnol, juge Federico Santi, analyste du cabinet Eurasia group.

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