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11 otages libérés par le Hamas en échange de 33 prisonniers palestiniens: la trêve prolongée

Onze otages israéliens retenus dans la bande de Gaza et 33 prisonniers palestiniens ont été libérés au cours de la nuit de lundi à mardi dans le cadre d'une trêve dans les combats entre Israël et le Hamas, qui doit être prolongée.

Ces libérations d'otages, annoncées par l'armée israélienne après l'annonce par le mouvement islamiste palestinien et le Qatar d'une extension de 48 heures de la trêve, portent à 69 le nombre d'otages relâchés depuis vendredi, dont 50 Israéliens dans le cadre d'un accord entre Israël et le Hamas.

52 jours de souffrance et de désespoir

Les onze otages arrivés en Israël lundi soir sont tous binationaux, dont trois de France - Erez et Sahar Kalderon, 12 et 16 ans, et Eitan Yahalomi, 12 ans - et deux d'Allemagne, a indiqué le Qatar, médiateur dans le conflit. Le président français Emmanuel Macron s'est dit "extrêmement heureux" de ces libérations. "Immense joie" mais "incomplète" car le père d'Erez et Sahar reste aux mains du Hamas et parce qu'il reste encore des otages, ont commenté à l'AFP les avocats de la famille Kalderon.

"Après 52 jours de souffrance et de désespoir, leur mère peut les prendre à nouveau dans les bras", a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, à propos des deux adolescents allemands libérés.

Peu après, Israël a annoncé la libération de 33 Palestiniens pour porter à 150 le nombre des détenus libérés dans le cadre de cet accord de trêve qui doit normalement être reconduit.   

A Beitunia, en Cisjordanie occupée, où des prisonniers libérés sont arrivés dans un autocar blanc, de violents heurts ont opposé tôt ce mardi des Palestiniens aux forces israéliennes à proximité, selon un journaliste de l'AFP sur place. Un jeune Palestinien, dont l'identité n'a pas été confirmée, a été "tué par balle" lors de ces affrontements, a indiqué le ministère palestinien de la Santé.

Extension, discussions 

Israël n'avait pas confirmé tôt ce mardi l'extension de la trêve jusqu'à 05H00 GMT jeudi matin, mais le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu a approuvé l'inclusion de "50 prisonnières" à la liste des Palestiniens susceptibles d'être libérés dans le cadre d'une prolongation de la trêve. Le nom d'Ahed Tamimi, jeune icône de la cause palestinienne arrêtée début novembre dans un raid israélien en Cisjordanie occupée, figure sur cette liste.

En vertu de l'accord de trêve, conclu sous l'égide du Qatar, de l'Egypte et des Etats-Unis, vingt autres otages doivent être libérés au total mardi et mercredi en échange de prisonniers palestiniens.

Une lueur d'espoir au milieu des ténèbres de la guerre

La Maison Blanche a "salué" la prolongation de la trêve et a dit souhaiter qu'elle soit reconduite au-delà de jeudi. Il s'agit d'une "lueur d'espoir (...) au milieu des ténèbres de la guerre", a commenté de son côté le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken se rendra une nouvelle fois en Israël et en Cisjordanie occupée d'ici à la fin de semaine, pour rencontrer respectivement le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président Mahmoud Abbas. 

"Au cours de ses réunions au Moyen-Orient, il insistera sur le besoin de continuer à fournir une aide humanitaire à Gaza, d'assurer la libération de tous les otages et d'améliorer la protection des civils à Gaza", a indiqué un responsable américain.

L'armée et le Premier ministre, sous pression par la société civile pour libérer d'autres otages, ont suggéré ces derniers jours se préparer à terme à une reprise des combats afin de "détruire" le Hamas et d'imposer un rapport de force favorable à la libération de certains otages.

"Après l'accord, nous allons retourner à notre objectif: éliminer le Hamas et nous assurer que la bande de Gaza ne soit plus ce qu'elle était", a déclaré M. Netanyahu dont le gouvernement, majoritaire, s'est entendu dans la nuit de lundi à mardi pour demander au Parlement une rallonge "de guerre" de 30,3 milliards de shekels (7,5 milliards d'euros).

Aide à Gaza 

La prolongation de la trêve doit permettre en parallèle l'entrée de nouveaux camions chargés d'aide humanitaire dans la bande de Gaza, assiégée et dévastée par sept semaines de bombardements israéliens en représailles à l'attaque sanglante lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

Un répit supplémentaire permettra "de fournir davantage d'aide aux populations qui en ont grand besoin et d'obtenir la libération d'autres otages" en échange de la libération de prisonniers palestiniens, a souligné lundi le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg.

D'après les autorités israéliennes, 1.200 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées lors de l'attaque lancée par des commandos du mouvement islamiste infiltrés depuis la bande de Gaza. L'armée a estimé à 240 le nombre total d'otages enlevés le 7 octobre.

En représailles, Israël a promis d'"anéantir" le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, bombardant sans relâche le territoire palestinien et lançant le 27 octobre une offensive terrestre, jusqu'à la trêve.

Dans la bande de Gaza, 14.854 personnes, dont 6.150 âgées de moins de 18 ans, ont été tuées par les frappes israéliennes, selon le gouvernement du Hamas.

Depuis vendredi, plusieurs centaines de camions chargés d'aide ont pu entrer dans la bande de Gaza, via l'Egypte, et une partie d'entre eux ont gagné le nord, la partie du territoire la plus dévastée.

Nous souffrons car nous n'avons pas de nourriture, pas d'eau

Si la trêve offre un répit à la population, les besoins sont "sans précédent" dans le territoire, où "200 camions par jour pendant au moins deux mois" seraient nécessaires, selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). 

"Nous souffrons car nous n'avons pas de nourriture, pas d'eau, ils ne nous apportent aucune aide. Nos cinq enfants n'ont pas non plus de couches", a déploré Fouad Hara, un déplacé palestinien originaire de Gaza-ville, interrogé par l'AFP lundi à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

"Aucun carburant n'a été amené dans les hôpitaux de la ville de Gaza et du nord de la bande de Gaza depuis le début de la trêve", a lui affirmé le directeur général du ministère de la Santé du Hamas, Mounir al-Bourch.

Lundi, deux experts de l'ONU ont demandé l'ouverture d'enquêtes indépendantes "rapides, transparentes et indépendantes", sur les "allégations de crimes de guerre et crimes contre l'humanité" par toutes les parties depuis le 7 octobre.

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