Partager:
Les voitures hybrides ont continué à conquérir le marché européen au premier semestre au détriment des véhicules électriques, dont la part dans les ventes a reculé au premier semestre, dans l'attente de modèles plus économiques.
La proportion de modèles électriques dans les ventes de voitures neuves a diminué en Europe au cours des six premiers mois de 2024, marquant un coup d'arrêt à l'envolée récente de ces motorisations, selon les chiffres publiés jeudi par les constructeurs.
Après trois ans de croissance effrénée, les modèles à batterie n'ont connu qu'une légère hausse (+1,3%) au premier semestre de l'année, par rapport à la même période en 2023, et ont représenté 12,5% des ventes, contre 12,9% début 2023.
La suppression des aides à l'achat pour les voitures électriques (VE) fin 2023 en Allemagne, premier marché du continent, a porté un coup d'arrêt à la progression de cette motorisation, qui doit pourtant s'imposer d'ici 2035 selon les plans de la Commission européenne.
La marque américaine Tesla, leader du marché électrique avec sa Model Y, voit ses ventes européennes reculer de 9,1% au premier semestre.
Les ventes d'électriques ont cependant continué à progresser dans certains pays majeurs de l'UE, comme la France, notamment grâce au dispositif de "leasing social", mais aussi l'Italie avec de nouveaux bonus à l'achat, ou la Belgique grâce à des avantages fiscaux pour les sociétés.
"L'Allemagne est l'homme malade de l'Europe en ce qui concerne les voitures électriques", analyse Lucien Mathieu du groupe de réflexion Transport & Environment, dans un communiqué.
"Pendant ce temps, les marchés qui disposent d'incitations fortes et fiables pour encourager l'adoption des VE récoltent les fruits de leurs efforts. Grâce à un cadre réglementaire favorable et au leasing social, la France progresse et dépasse maintenant largement l'Allemagne en part de marché pour l'électrique", explique M. Mathieu.
Plutôt que de choisir des voitures électriques, où l'offre de modèles économiques reste limitée, les acheteurs se sont davantage tournés vers les modèles hybrides (+22,3% au premier semestre), qui représentent désormais 29,2% du marché.
Toutes motorisations confondues, le marché européen a connu un léger rebond au premier semestre, à 5,7 millions de véhicules (+4,5%), mais les ventes restent loin de leur niveau d'avant-Covid.
Les ventes de modèles à essence et diesel ont poursuivi leur chute dans la plupart des pays européens mais rebondi en Allemagne et en Italie. Ces deux motorisations représentent respectivement 35,3% et 12,9% du marché européen.
- Normes CO2 -
La stagnation des modèles électriques est un défi pour les constructeurs, qui doivent se conformer début 2025 à des normes d'émissions de CO2 plus sévères, sous peine de lourdes amendes.
"On est cette année sur un plateau", a expliqué le directeur de la marque Renault, Fabrice Cambolive, jeudi matin. "Mais l'ensemble des constructeurs a investi fortement pour dynamiser le marché électrique. On attend une progression du marché, notamment sur le segment B (compactes) dès la fin de cette année, avec une offre fournie".
Renault compte notamment prendre sa part de ce rebond électrique au deuxième semestre avec les lancements du Scenic et de la R5 électriques.
"L'enjeu n'est plus tant de fabriquer que de vendre. On est dans une période critique où on a le résultat des investissements faits ces dernières années" dans les gammes hybrides et électriques, souligne Marc Mortureux, de la Plateforme automobile, qui représente les constructeurs et équipementiers français.
Il faut cependant "que les pays aient des politiques cohérentes pour tenir les objectifs ambitieux fixés au niveau européen", souligne M. Mortureux. "S'il n'y a que la France qui tire, ça ne va pas marcher".
Dans ce climat incertain, le pionnier des hybrides Toyota tire son épingle du jeu au premier semestre (+20,7%), notamment avec ses Yaris assemblées en France, et sa part de marché atteint 7,8%, à égalité avec le groupe Hyundai-Kia.
Le leader du marché Volkswagen progresse de 4,1%, notamment grâce à ses marques Skoda et Cupra.
Le numéro 2 Stellantis (+0,5%) voit sa part de marché reculer à 18%, avec une baisse des ventes chez Peugeot notamment. Le groupe Renault est en légère hausse (+2%), grâce à ses marques Dacia et Alpine.