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Signé Giltay: surprise à l'Assemblée nationale, un écologiste élu à la vice-présidence renforce la gauche

Le temps se gâte pour le Premier ministre français Michel Barnier alors qu'il est en plein débats pour l’adoption de son budget. Sa majorité relative a subi, hier, une défaite humiliante au parlement. La division de son camp entre centristes et républicains a permis l’élection d’un écologiste à la vice-présidence de l’Assemblée nationale.
 

Est-ce que cette péripétie augure mal de l’avenir du gouvernement français ? Le gouvernement Barnier n’a pas de majorité absolue au parlement, on le sait. Mais a priori, ils disposaient d’une majorité relative. Puisque depuis sa nomination, il n’a pas été renversé. Or, hier, cette majorité a été mise à mal par une querelle entre les partis qui la composent. La raison est qu’il fallait remplacer une vice-présidente de l’Assemblée nationale, la républicaine Annie Genevard, entrée au gouvernement (elle est devenue ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire de la France, ndlr). Logiquement, c’est un autre Républicain qui aurait dû lui succéder. Il y avait d’ailleurs un accord sur ce point entre Laurent Wauquiez, le chef des Républicains et Gabriel Attal, celui des macronistes.

Surprise : un écologiste est élu en tant que vice-président 

Mais finalement, c’est un représentant de l’opposition, l’écologiste Jérémie Iordanoff qui a été élu. Il a recueilli 175 voix au troisième tour, contre 161 pour la candidate républicaine Virginie Duby-Muller. On ignore qui a fait défection, mais il est probable qu’il s’agisse d’élus centristes du Modem, le parti de François Bayrou. 

Un coup des élus du Modem ?

Les centristes se plaignent de ne pas être bien représentés dans les instances du parlement. Ils avaient d'ailleurs leur propre candidat pour cette vice-présidence. Officiellement, au troisième tour, ils avaient quand même appelé à voter pour la républicaine, mais voilà, il a manqué 14 voix. C'est la deuxième fois que le gouvernement perd un poste important au Parlement après l'élection, début octobre, de l'insoumise Aurélie Trouvé à la tête de la Commission des affaires économiques. 

La gauche se renforce

Résultat, la gauche renforce sa majorité au bureau de l'Assemblée et peut donc influencer les travaux des députés. Ça fait désordre. Et on peut imaginer les inquiétudes du Premier ministre qui est en train de présenter un budget de rigueur. L'ex-négociateur du Brexit aurait aimé obtenir une majorité à la régulière pour ce budget. Mais devant les divisions de son camp, il va être obligé de recourir au vote bloqué, le fameux article 49-3.

Les parlementaires français ont oublié la culture du compromis

Comment expliquer cette gabegie ? Au fond, c'est assez simple. Le monde politique français réapprend difficilement les règles de la démocratie parlementaire, oubliées depuis 1958. Les partis français ont perdu la culture de l'accord gouvernemental, longuement négocié dans les moindres détails, y compris la répartition des postes, comme on le fait en Belgique. Entre les différents partis de droite et du centre qui soutiennent le gouvernement, il n'y a qu'une solidarité de principe, contestable à tout moment.
Michel Barnier est donc sur la sellette et il pourrait prendre à son compte la célèbre formule attribuée au Duc de Guise : "Mon dieu, gardez-moi de mes amis. Mes ennemis, je m’en charge".
 

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