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Signé Giltay: Emmanuel Macron reste sur sa grande idée d’une majorité centrale, il refuse de nommer la candidate de la gauche

Le président français Emmanuel Macron refuse de nommer la candidate de la gauche Première ministre. Il n’y aura pas de gouvernement de plein exercice en France, avant la fin des Jeux Olympiques.

Emmanuel Macron a accordé hier soir sa première interview télévisée depuis les élections législatives du 19 juin dernier. Un entretien sans grande surprise finalement. Il a balayé la proposition de la gauche de nommer une haute fonctionnaire, Lucie Castets, Première ministre. Et il a confirmé qu'il n'y aurait pas de nouveau gouvernement avant la fin des Jeux Olympiques.

La gauche pensait prendre Emmanuel Macron de vitesse. Une heure avant son intervention, le nouveau Front populaire, après 16 jours de négociations, a proposé comme Premier ministre Lucie Castets, 37 ans, haute fonctionnaire, spécialiste de la fraude fiscale. 

Quand un journaliste a demandé au président s'il allait la nommer à Matignon, la réponse a fusé. Il est faux de dire que le nouveau Front populaire aurait une majorité quelle qu'elle soit. La question n'est pas un nom. La question, c'est quelle majorité peut se dégager à l'Assemblée? Et il a longuement expliqué qu'il fallait, de cette Assemblée disparate, faire surgir une majorité de coalition, à l'image du Front républicain qui s'est constitué lors des élections. 

Quant au délai, il a été très clair. Jusqu'à la mi-août, a-t-il dit, nous ne serons pas en situation de changer les choses. Circuler, il n'y a rien à voir. 

 

Gabriel Attal restera Premier ministre jusqu'à la fin des Jeux, et peut-être même jusqu'à la fin des Jeux paralympiques en septembre, le président ayant rappelé que pour lui, les deux compétitions avaient la même valeur. 

Maintenant, il faudra bien nommer un nouveau gouvernement, un jour. Et là, c'est le brouillard. Emmanuel Macron a reconnu la défaite de son camp, mais pour rajouter tout de suite que personne n'avait gagné, et que donc il faudrait faire des compromis. 

En fait, il reste sur sa grande idée d'une majorité centrale, qui irait de la gauche sociale-démocrate à la droite modérée, avec comme pivot son propre parti. Le problème, c'est qu'en France, on a perdu, depuis l'avènement de la Ve République en 1958, le mode d'emploi d'une démocratie parlementaire. 

Contrairement à la Belgique, le poste d'informateur ou de formateur n'existe pas. Emmanuel Macron n'a pas nommé une personnalité qui rencontrerait tous les chefs de parti avant de lui rendre un rapport. Il pourrait assumer le job lui-même, et comme le faisaient ses lointains prédécesseurs, consulter à l'Elysée. Mais, il ne le fait pas. Il devrait demander qu'on lui projette, dans la salle de cinéma du palais présidentiel, le film "Le Président" avec Jean Gabin, qui montre comment ça se passait autrefois. Ça lui donnerait peut-être des idées. 

Quant à Lucie Castets, elle pourra toujours méditer la formule d'Andy Warhol : "Dans le futur, tout le monde sera célèbre pendant 15 minutes". Pour elle, ça aura duré 15 secondes.
 

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