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Le ministre des Outre-mer attendu dans une Nouvelle-Calédonie divisée et exsangue

Le nouveau ministre des Outre-mer François-Noël Buffet commencera mercredi son premier déplacement avec une visite de quatre jours dans l'archipel calédonien, marqué par une crise institutionnelle et de violentes émeutes qui ont fait 13 morts et plusieurs milliards d'euros de dégâts.

La reconstruction du territoire, où 6.000 emplois ont été perdus et plus de 700 entreprises détruites, sera au coeur des échanges avec les élus locaux.

Selon son entourage, François-Noël Buffet devrait faire des annonces sur l'accompagnement économique de la Nouvelle-Calédonie, qui a déjà reçu 400 millions d'euros de soutien de l'Etat depuis mai.

Mais le ministre devrait également conditionner toute nouvelle aide à l'engagement de réformes structurelles, alors que jusqu'ici, la grande majorité de l'aide s'est faite sous forme de prêts et d'avances remboursables.

D'où l'inquiétude des élus calédoniens, à la veille de l'arrivée du ministre: "Endetter la Nouvelle-Calédonie sur les deux prochaines générations ne nous paraît pas être la bonne voie pour restaurer la confiance", écrit dans un communiqué la "délégation transpartisane" qui s'est rendue récemment à Paris pour plaider la cause de l'archipel.

Celle-ci dit également souhaiter que "les engagements de l'Etat s'inscrivent dans la durée: les Calédoniens ne veulent plus d'une aide au mois mais d'un horizon dégagé sur les cinq prochaines années".

Sur le plan politique, le ministre des Outre-mer est attendu de pied ferme sur la question du dégel du corps électoral, dossier extrêmement sensible qui avait conduit à la mobilisation indépendantiste ayant dégénéré en émeutes en mai.

Pour les loyalistes, le corps électoral aux élections provinciales, "gelé" depuis 2007, doit impérativement intégrer les arrivants plus récents. Un casus belli pour les indépendantistes.

L'abandon, annoncé par Michel Barnier dans sa déclaration de politique générale, de la réforme constitutionnelle engagée par le précédent gouvernement qui autorisait les résidents de plus de 10 ans en Nouvelle-Calédonie à pouvoir voter, a été mal vécu par une partie des loyalistes.

Ces derniers craignent de ne pas obtenir gain de cause face à des indépendantistes qui rejettent la réforme et ont montré leur capacité à mobiliser. Or, la durée de 10 ans était déjà considérée par le camp loyaliste comme une concession faite aux indépendantistes.

François-Noël Buffet rencontrera enfin au cours de sa visite l'ensemble des sensibilités politiques de l'archipel. L'objectif est de renouer le dialogue sur l'avenir institutionnel du territoire, alors que le cycle de référendums d'autodétermination prévus par l'accord de Nouméa signé en 1988 s'est achevé en 2021, sans qu'aucun consensus n'émerge.

Mais après cinq mois de crise, les positions se sont radicalisées, entre partisans de "l'indépendance pleine et entière" et ceux d'une "Nouvelle-Calédonie dans la France".

"Il faut tout faire pour amorcer le dialogue, mais le ministre est conscient que cela ne se fera pas en un jour", selon son entourage.

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