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Accusé notamment d'avoir collaboré à l'autobiographie du président du RN Jordan Bardella, le journaliste politique Jean-François Achilli a dénoncé la "dimension éminemment politique" de son licenciement de Radio France, dans un entretien publié samedi sur le site du Figaro.
"J'ai commis le crime à Radio France d'avoir été approché par le président du RN pour un projet de livre", lance M. Achilli. Mais "au final, nous ne sommes pas parvenus (...) à un accord, ce pourquoi il n'y a pas de livre, pas de contrat, pas d'argent".
Ainsi, "je n'ai pas commis de faute professionnelle et il y a une dimension éminemment politique dans mon licenciement" fin avril, affirme-t-il dans cette première prise de parole depuis la décision, qu'il conteste aux prud'hommes.
Le journaliste a été "licencié pour faute grave, pour cause de manquements répétés aux obligations déontologiques relatives aux collaborations extérieures", selon une source interne au groupe public.
Il est question aussi de la part de M. Achilli de "media training" (de l'entraînement à la communication) non déclaré à ses supérieurs. Le journaliste balaie "des accusations non documentées de prétendues prestations", dans cet entretien au Figaro Magazine.
M. Achilli interviewait quotidiennement sur franceinfo une personnalité politique en fin d'après-midi et coprésentait le talk-show d'actualité Les informés en soirée.
Le patron de franceinfo, Jean-Philippe Baille, avait estimé dans Le Parisien que "quand un journaliste corrige les épreuves du futur livre d'un politique, c'est une collaboration". Et "quand cette collaboration se fait dans une période électorale, cela revient à participer à une stratégie de conquête du pouvoir".
La tête de liste du RN aux élections européennes avait pour sa part assuré au Monde que "seul (son) entourage proche (l)'aide à écrire ce livre, pour la relecture". Sa parution est prévue après les européennes de juin.
De son côté, M. Achilli assure n'avoir "jamais milité en rien pour aucune personnalité politique". Il revendique d'être "curieux" et d'"aller au contact, tout en restant à distance" des politiques.
Interrogé sur les soutiens dont bénéficie au sein de Radio France l'humoriste Guillaume Meurice, menacé également de licenciement et marqué à gauche, M. Achilli critique une "mobilisation à sens unique" qui ne l'a "pas surpris".
"Elle signe le caractère partisan qui traverse désormais les couloirs de la Maison ronde", "au service d'une seule orientation idéologique", assène-t-il.
"Retrouver une forme d'équilibre et de neutralité sera sans aucun doute l'un des enjeux majeurs de la future réforme" de fusion de l'audiovisuel public, conclut M. Achilli.