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L'association Foodwatch va déposer plainte mercredi à Paris pour obtenir qu'un juge d'instruction se penche sur les pratiques présentées comme frauduleuses du géant Nestlé et du groupe Sources Alma concernant le conditionnement de leurs eaux en bouteilles.
En janvier, Radio France et Le Monde avaient révélé le recours en France pendant de nombreuses années à des traitements interdits pour purifier des eaux minérales vendues en bouteille, notamment par Nestlé Waters.
Les eaux minérales mises sur le marché doivent être naturellement de haute qualité microbiologique. La réglementation française exclut donc toute désinfection, en ce compris les traitements ultraviolets et les filtres au charbon actif. Or, Nestlé Waters a eu recours à ces procédés pour ses eaux des Vosges (Vittel, Contrex et Hépar) au moins jusqu'en 2021, sans qu'on sache la date exacte d'arrêt.
Foodwatch avait déposé une première plainte à Paris visant Nestlé Waters et Sources Alma (Cristaline, St-Yorre, Vichy, etc.), transférée par le parquet de la capitale à celui d'Epinal. Ce dernier avait déjà ouvert une enquête préliminaire pour tromperie visant le géant suisse. L'enquête s'est terminée par la signature le 10 septembre d'un accord (une Convention judiciaire d'intérêt public) entre Nestlé et le tribunal d'Epinal. Le groupe y accepte de payer deux millions d'euros d'amende et de "réparer l'impact écologique" en échange de l'abandon de toutes poursuites pénales pour les faits commis dans les Vosges.
Mercredi matin, l'association de défense des consommateurs a annoncé qu'elle déposerait le jour-même à Paris deux nouvelles plaintes contre Nestlé et le groupe Sources Alma, cette fois avec constitution de partie civile. Ce procédé permet généralement d'obtenir la désignation d'un juge d'instruction.
Pour Foodwatch, cet accord judiciaire à Epinal "permet à la multinationale de s'en tirer en sortant le chéquier" dans une "affaire de fraude massive qui touche le monde entier depuis des décennies".