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La Chine dévoile de nouvelles mesures pour relancer son économie

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ADEK BERRY

La Banque centrale chinoise a annoncé mardi des mesures de soutien à la consommation et à l'immobilier sans précédent depuis la sortie du Covid, dans l'espoir de revigorer une activité à la peine dans la deuxième économie mondiale.

Plus d'un an et demi après la levée des restrictions sanitaires qui pénalisaient l'économie du géant asiatique, la reprise post-Covid tant espérée a été brève et moins robuste qu'escompté.

Le pays reste notamment pénalisé par la crise de l'immobilier, un chômage élevé chez les jeunes et une consommation des ménages atone, tandis que la menace de déflation pèse aussi.

Les autorités chinoises visent une croissance du PIB d'environ 5% en 2024, un objectif jugé bien optimiste par nombre d'économistes en raison des difficultés actuelles.

Pékin va réduire le taux de réserve obligatoire (RRR) des banques ainsi que ses taux directeurs, a annoncé mardi Pan Gongsheng, le gouverneur de la Banque centrale, lors d'une conférence de presse à Pékin.

Le RRR est un ratio qui détermine la part des dépôts que les banques sont tenues de garder dans leurs coffres. Sa réduction doit permettre aux banques commerciales de prêter davantage aux entreprises pour soutenir l'économie réelle.

"Le taux de réserve obligatoire sera très prochainement réduit de 0,5 point de pourcentage afin de fournir aux marchés financiers des liquidités à long terme pour environ 1.000 milliards de yuans" (128 milliards d'euros), a précisé M. Pan.

- "Probablement insuffisant" -

La Chine va également "abaisser les taux d'intérêt des prêts hypothécaires existants" dans l'immobilier, a encore annoncé le chef de la Banque centrale.

La mesure doit "bénéficier à 50 millions de foyers et 150 millions de personnes", a assuré Pan Gongsheng.

La baisse des taux immobiliers doit ainsi "aider à stimuler la consommation et l'investissement", selon le patron de la Banque centrale.

La Bourse de Hong Kong a réagi positivement à ces mesures et gagnait plus de 3% à la mi-journée.

Mais l'optimisme est plus mesuré chez les économistes.

"C'est un pas dans la bonne direction mais ce sera probablement insuffisant", résume l'analyste Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.

- "Risques contrôlables" -

"Les mesures annoncées aujourd'hui sont loin d'être le méga-plan de relance" préconisé par nombre d'experts, estime aussi l'analyste Raymond Yeung de la banque ANZ.

"La Chine semble être prise dans un piège au niveau des liquidités" qui manquent à l'économie, souligne M. Yeung. Cela nécessite donc une politique fiscale bien "plus robuste" pour relancer la demande, préconise cet économiste.

Le secteur du logement et de la construction a longtemps représenté au sens large plus d'un quart du PIB de la deuxième économie mondiale. Mais il souffre depuis 2020 d'un durcissement par Pékin des conditions d'accès au crédit pour les promoteurs immobiliers, afin de réduire leur endettement.

Ce durcissement a poussé certains promoteurs au bord de la faillite, comme Evergrande ou Country Garden, tandis que les prix en recul dissuadent les Chinois d'investir dans la pierre.

Ces derniers mois, les autorités chinoises ont multiplié les mesures de relance: en mai, elles avaient ainsi réduit l'apport nécessaire à un premier achat et proposé que les autorités locales rachètent des logements non vendus ou non livrés.

Premières victimes de cette crise immobilière, les gouvernements des provinces chinoises sont confrontés à un endettement croissant de 5.600 milliards de dollars (5.040 milliards d'euros), selon le gouvernement central, ce qui alimente les inquiétudes quant à la stabilité de l'économie dans son ensemble.

Pékin va "coopérer de façon active à la résolution des risques liés à l'immobilier et à la dette des gouvernements locaux", a assuré mardi Li Yunze, directeur de l'Administration centrale de régulation financière, s'exprimant au côté du chef de la Banque centrale.

"Le secteur financier chinois, en particulier les grandes institutions financières, fonctionne de manière stable et les risques sont contrôlables", a-t-il insisté, et "nous maintiendrons fermement l'objectif de prévention des risques financiers systémiques".

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