Partager:
Un retour au Palais-Bourbon, mais plus sur les bancs du gouvernement: l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne a retrouvé l'Assemblée nationale mardi comme simple députée de la majorité, à l'instar de plusieurs ministres débarqués lors du remaniement.
L'ex-cheffe du gouvernement a eu droit à une ovation des troupes macronistes lors de la réunion du groupe Renaissance dans la matinée. "Je serai une députée assidue, constructive" et "fidèle au dépassement porté en 2017", a-t-elle assuré, selon une source parlementaire.
Elisabeth Borne est attendue dans l'hémicycle à 15H00 pour la séance de questions au gouvernement. Un peu plus d'un mois après avoir quitté Matignon, elle siège à l'Assemblée pour la première fois. Elle avait été élue en juin 2022 dans la 6e circonscription du Calvados, mais avait aussitôt laissé sa place à son suppléant Freddy Sertin.
Est-elle prête à sillonner sa circonscription ou à enchaîner les séances à l'Assemblée pour tenter de faire passer des amendements aux faibles chances de succès? "Quand j'ai une mission, une fonction, c'est dans mon ADN de le faire à fond", a-t-elle promis sur France 3 Normandie.
"Je n'ai jamais été fascinée par le pouvoir (...) je vais continuer à mettre beaucoup d'énergie dans mon engagement politique", a-t-elle assuré, lors de cette interview organisée "Au vrai Normand", un restaurant de Villers-Bocage (Calvados).
A sa demande, Elisabeth Borne siègera à la commission des Affaires étrangères, comme l'ancien porte-parole du gouvernement Olivier Véran, tandis qu'Olivier Dussopt, ex-ministre du Travail, rejoindra la commission de la Défense.
Dans ce nouveau rôle, elle retrouve la configuration inchangée de l'Assemblée nationale en majorité relative. Cet hémicycle bouillonnant qui l'avait usée et dans lequel elle avait eu recours à 23 reprises à l'arme constitutionnelle du 49.3 pour faire passer sans vote budgets et réforme des retraites.
Au total, une dizaine d'anciens membres du gouvernement vont redevenir simples députés, notamment Bérangère Couillard, Clément Beaune, Carole Grandjean, Philippe Vigier, Agnès Firmin-Le Bodo et Olivier Becht.
"Ils verront ce qu'est un Parlement complètement écrasé" et "de débattre avec les 49.3", a grincé la cheffe des députés LFI Mathilde Panot.
- "Actif, on verra" -
Au Palais-Bourbon, certains ne croient guère à leur implication dans les mois qui viennent. "Je les sens très absents, je pense qu'ils vont très peu venir, et qu'ils vont tous partir vers d'autres cieux dès qu'ils le peuvent", pronostique une cadre du groupe Renaissance.
Avec quelques précédents en tête, les ex-Premiers ministres socialistes Jean-Marc Ayrault ou Manuel Valls, qui n'avaient pas achevé leurs mandats après leur retour à l'Assemblée.
"Actif, on verra", glisse un ancien ministre, qui ne compte pas "faire toutes les séances de nuit".
A la tête des députés Renaissance, Sylvain Maillard se réjouit, lui, de ces arrivées de plusieurs poids lourds, dans un groupe qui en manque cruellement.
"C'est une chance pour le groupe du fait de leur expérience", une "opportunité de renforcement", souligne-t-il, malgré le "casse-tête" logistique pour trouver des bureaux qui conviennent aux nouveaux arrivants.
Certains anciens ministres débarqués, comme Clément Beaune, pourraient-ils tenter de former un groupe à l'aile gauche de la majorité?
"Ca n'existe pas un sous-groupe, c'est une mort politique", démine Sylvain Maillard, qui ne pense "absolument pas qu'ils soient dans cet état d'esprit".
Mais chez Renaissance, des élus de l'aile gauche trouvent la composition du nouveau gouvernement trop à droite. Et n'ont pas apprécié la sortie de Gabriel Attal, qui veut travailler avec "tout le monde" à l'Assemblée y compris avec le RN, car "l'arc républicain, c'est l'hémicycle".
Un changement de doctrine par rapport à Elisabeth Borne, qui répétait à l'envi exclure RN et LFI de cet "arc républicain".
Le RN ne l'a d'ailleurs pas oublié. "Elisabeth Borne était parfaitement odieuse, avec un mépris total du Parlement. Elle va voir ce que c'est d'être députée, ce que c'est qu'être frustrée parce qu'un gouvernement répond à côté de la plaque", a commenté Sébastien Chenu sur BFMTV-RMC.