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D'une tranchée à l'autre: la guerre en Ukraine s'expose à Verdun

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Jean-Christophe Verhaegen

Une "mise en abyme sensible entre passé et présent": avec un peu plus d'un siècle d'écart, le Mémorial de Verdun consacre une exposition photo à la guerre en Ukraine sur l'immense champ de bataille de la Première Guerre mondiale.

Des dizaines de clichés de la photo-reporter anglo-suédoise Anastasia Taylor-Lind s'affichent au dernier étage du Mémorial, élevé au cœur du champ de bataille où plus de 300.000 Allemands et Français ont péri en 1916.

Après s'être plongés dans l'Histoire, les visiteurs redécouvrent ainsi d'autres tranchées et des vies bouleversées, cette fois au XXIe siècle, à l'autre bout de l'Europe.

"Approcher l'expérience de la guerre en Ukraine au cœur du champ de bataille constitue une mise en abyme sensible entre passé et présent", selon Nicolas Barret, le directeur du Mémorial.

Et pour cause: "Des mots qui appartenaient à l'histoire, qui avaient totalement disparu, comme les obus, les tranchées, sont revenus dans le quotidien", relève-t-il auprès de l'AFP.

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Jean-Christophe Verhaegen

Malgré toutes les différences avec la Grande Guerre, "il y a beaucoup de choses intemporelles, comme la souffrance, la destruction, l'espoir", poursuit-il.

La guerre en Ukraine a en commun avec la bataille de Verdun la position de défense des soldats français au siècle dernier et ukrainiens actuellement, pointe M. Barret.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a d'ailleurs évoqué les images des villes d'Ukraine "rappelant les ruines de Verdun" lors de la Première Guerre mondiale, en mars 2022, alors qu'il intervenait en visioconférence devant le Parlement français un mois après le début de l'invasion russe.

- "Humaniste" -

Anastasia Taylor-Lind, photojournaliste anglo-suédoise indépendante, a travaillé en Ukraine depuis les manifestations de Kiev en 2014.

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Jean-Christophe Verhaegen

L'exposition retrace ces manifestations, puis la première offensive russe ayant conduit à l'annexion de la Crimée en 2014.

Lors de l'offensive de 2022, Anastasia Taylor-Lind est là. Immédiatement, elle documente le conflit, en capturant l'image de soldats autant que de civils.

Pour M. Barret, la photographe a apporté une "touche très profondément humaniste" à ses photos, comme ce portrait, touchant, de deux personnes se prenant dans les bras avant de partir à un point de contrôle dans le Donbass en 2019.

Trois vidéos de témoignages de réfugiés, qu'elle a également réalisées, sont aussi présentées au public.

"Cette exposition propose de petits extraits de nombreux projets différents, pas un aperçu complet, mais un petit aperçu des différents endroits et façons dont j'ai photographié" la guerre, explique à l'AFP Mme Taylor-Lind.

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Jean-Christophe Verhaegen

Les portraits de civils sont particulièrement parlants pour elle. "Il est important de représenter les personnes touchées par la guerre en tant qu'individus, et de la manière la plus ordinaire possible", poursuit-elle.

"Pour que ceux d'entre nous qui vivent actuellement sans conflit dans nos pays puissent s'identifier à eux."

- "Historien du direct" -

Pour Nicolas Barret, "quand c'est bien fait", le journaliste de guerre "est l'historien du direct". C'est aussi ce métier de reporter de guerre, essentiel mais risqué, que l'exposition souhaite montrer.

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Jean-Christophe Verhaegen

Sont notamment exposés le casque balistique et le gilet pare-balles qui protégeaient Anastasia Taylor-Lind sur la ligne de front.

"Je considère mon rôle ou mon message comme une petite partie d'un enregistrement visuel, historique et journalistique collectif de ce qui se passe aujourd'hui en Ukraine", déclare-t-elle.

L'un de ses appareils photo, détruit par le souffle d'un missile, est exposé à côté d'autres appareils photo utilisés par les soldats de la Première Guerre mondiale.

L'exposition "Ukraine: Photographs from the Frontline" est visible jusqu'au 30 novembre. Elle a déjà été exposée, de manière différente, à l'Imperial War Museum de Londres en 2022 et 2023.

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